L’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve a annoncé lundi qu’il interdira tout usage « commercial » des locations et offres d’hébergements de type Airbnb sur son territoire, afin de « protéger [son] parc locatif ».

« On ne peut pas continuer de laisser les appartements de nos quartiers être accaparés par des compagnies à numéro qui s’en mettent plein les poches en les louant sur Airbnb. Il faut absolument protéger notre parc locatif », a plaidé le maire de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais, dans un communiqué, en martelant que « la crise du logement frappe fort » pour les résidants de son secteur.

Un avis de motion sera déposé lors d’une séance du conseil d’arrondissement, lundi en soirée, afin de « modifier le Règlement d’urbanisme de l’arrondissement » et ainsi « limiter les usages permis et les types de conversions possibles ».

Ainsi, « seule la résidence de tourisme offerte à une clientèle de passage par une personne dans sa résidence principale sera autorisée, venant freiner […] la multiplication de ces établissements touristiques », affirme l’arrondissement. Les résidences secondaires, gîtes ou autres ne pourront être loués par l’entremise d’Airbnb.

Simplifier le travail des inspecteurs

Depuis 2016, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve avait déjà réglementé l’hébergement touristique pour le restreindre à certaines zones, dont certains segments des rues Ontario, Sainte-Catherine et Sherbrooke, notamment. Plusieurs autres arrondissements font pareil. Dans l’ouest de la ville, Verdun et Lachine interdisent depuis un moment la location commerciale de logements de courte durée.

La Loi sur l’hébergement touristique empêche les municipalités d’interdire la location des résidences principales, sauf si celles-ci procèdent par voie référendaire. Autrement dit, Québec impose a priori aux municipalités de permettre l’usage dans les résidences principales, mais laisse celles-ci déterminer les interdictions au-delà de ce secteur.

Avec ce changement de réglementation, le maire Lessard-Blais veut donc surtout « simplifier au maximum le travail des inspecteurs de Revenu Québec pour trouver des Airbnb illégaux ».

Avec ce nouveau règlement, c’est simple : si le logement n’est pas une résidence principale, l’usage touristique est interdit.

Le maire de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais

Fin mars, plus d’une semaine après l’incendie qui a fait sept victimes dans le Vieux-Montréal, les dirigeants de l’entreprise avaient annoncé leur intention de retirer tous les logements illégaux de sa plateforme, et ce, dans toute la province.

Toutes les annonces devront dorénavant avoir un numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) et « le gouvernement du Québec aura accès au portail des villes de la plateforme afin d’assurer le respect des règles par les hôtes », avait alors déclaré Airbnb. La nouvelle survenait au lendemain de la rencontre des dirigeants d’Airbnb Canada avec la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, qui les a informés de son intention de les obliger à n’afficher que des logements conformes.

En savoir plus
  • 60 %
    D’après les données de la plateforme « InsideAirbnb » disponibles en ligne, un peu plus de 60 % des personnes affichant leur logement sur la plateforme dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve n’ont pas le permis requis pour le faire. On compterait actuellement plus de 400 annonces dans l’arrondissement.