Airbnb, tout comme les autres plateformes de location touristique, devrait être bannie au Québec parce qu’elle exacerbe la crise du logement en accaparant 29 482 appartements, dont 79 % sont loués illégalement, selon des organismes de défense des locataires.

Même si le géant de la location à court terme a annoncé son intention de retirer toutes les annonces illégales de son site web, ce n’est pas suffisant, selon le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), puisque même les appartements enregistrés auprès des autorités ont un impact sur le parc locatif.

« On constate qu’Airbnb est une multinationale qui ne se conforme pas aux réglementations à plusieurs endroits dans le monde. Au contraire, elle permet à ses utilisateurs de contourner les règles », dénonce Cédric Dussault, porte-parole du RCLALQ, qui doute de la bonne volonté d’Airbnb de se conformer à la loi québécoise.

Avant même l’incendie mortel du Vieux-Montréal, où sept personnes ont péri, plusieurs après avoir loué des appartements illégaux sur Airbnb, le RCLALQ avait commandé une étude sur l’effet Airbnb à travers la province.

On y apprend qu’à certains endroits, 22 % du parc locatif se retrouve sur Airbnb (comme à Saint-Ferréol-les-Neiges). D’autres zones touristiques sont aussi touchées par cet impact : Saint-Adolphe-d’Howard (17,4 %), Mont-Tremblant (13,7 %), les quartiers montréalais du Faubourg Saint-Laurent (11,7 %), du Plateau (3,1 %) et Peter-McGill (Vieux-Montréal) (4,1 %).

« Ces chiffres montrent noir sur blanc qu’à elle seule, Airbnb est responsable d’une part importante de la pénurie de logements. Dans la plupart des régions, si les logements loués sur Airbnb n’avaient pas été perdus à l’hébergement touristique, le taux d’inoccupation serait en équilibre ou au-dessus du seuil d’équilibre », fait valoir M. Dussault.

« Un fléau »

Selon lui, la certification ne règle pas tout, puisque le cœur du problème n’est pas l’illégalité, mais la transformation du parc locatif à des fins touristiques.

« On parle ici de locataires évincés en toute légalité pour louer leurs logements à des touristes, ou d’investisseurs qui achètent des logements dans le seul but de les louer sur Airbnb. Légales ou pas, les plateformes comme Airbnb sont un fléau qui aggrave fortement la crise du logement », martèle Cédric Dussault.

Airbnb avait annoncé que toutes les annonces ne comportant pas de numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) seraient retirées mardi. Mais en fin de journée, peu de logements étaient disparus de la plateforme. Des annonces qui n’avaient pas auparavant de numéro d’enregistrement en ont maintenant un, même pour des appartements situés dans des secteurs où la location touristique est interdite, comme le Vieux-Montréal ou Verdun.

En fin de journée mardi, Airbnb n’avait pas répondu à nos questions à ce sujet.