(Ottawa) Le Centre national pour la vérité et la réconciliation affirme qu’il y a de nombreux problèmes avec un contrat de 2 millions qu’Ottawa a récemment signé avec une organisation internationale pour obtenir des conseils sur les tombes non marquées.

Le centre se dit « profondément préoccupé » par la décision de Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada d’embaucher une organisation établie aux Pays-Bas pour lancer « un processus d’engagement extrêmement sensible » sur les questions entourant d’éventuels lieux de sépulture à proximité d’anciens pensionnats.

« Depuis la Commission de vérité et réconciliation du Canada, il est clair que tout travail lié aux préjudices causés par le système des pensionnats doit être dirigé par les peuples autochtones et que les survivants doivent être au cœur de ce travail », a déclaré lundi dans un communiqué, Cynthia Wesley-Esquimaux, qui préside le cercle de gouvernance du centre.

« Remettre le processus d’engagement planifié entre les mains d’une (organisation) non autochtone est un faux pas, et très inquiétant en plus. »

Le gouvernement fédéral a récemment annoncé qu’il avait embauché la Commission internationale des personnes disparues (ICMP) pour lui fournir des conseils, après avoir mené une campagne de sensibilisation auprès des communautés qui ont manifesté leur intérêt à connaître les options concernant l’analyse de l’ADN et d’autres techniques médico-légales.

Bien qu’Ottawa affirme avoir embauché la commission en raison des commentaires des communautés et qu’elle a pour mandat d’aider à leurs recherches, le centre et d’autres défenseurs de leurs droits soutiennent que le travail autour des tombes anonymes doit se faire indépendamment du gouvernement fédéral, car il a financé le système de pensionnats administré par l’Église en premier lieu.

La semaine dernière, la commission a publié une copie de l’accord technique qu’elle a signé avec le gouvernement en janvier, confirmant que son rapport final sera dû à la mi-juin. Les responsables fédéraux seront autorisés à commenter les ébauches du rapport et à être présents aux réunions liées aux travaux du groupe, indique l’accord.

L’accord lui-même stipule également que des facilitateurs autochtones seront embauchés pour être présents aux discussions et répondre aux besoins « spirituels et cérémoniels » des participants tout au long du processus.

Stephanie Scott, directrice exécutive du Centre national pour la vérité et la réconciliation, affirme que l’accord en soi soulève plus de questions.

Le centre a fourni une liste des cas où, selon lui, l’accord est insuffisant et risque de causer davantage de tort aux communautés autochtones et aux survivants.

Parmi ses préoccupations, il y a le fait que l’accord ne dit pas que le travail de la commission doit se dérouler en tenant compte des traumatismes et qu’il ne reconnaît pas le rôle central que les survivants des pensionnats doivent jouer.

Plus flagrant encore, selon le centre, il semble que le travail qu’Ottawa sous-traite chevauche les efforts dirigés par les Autochtones qui sont déjà en cours. Cela « implique une atteinte délibérée à leur travail », indique le communiqué du centre.

L’accord ne mentionne pas la nécessité de travailler avec le comité consultatif national que le gouvernement a déjà chargé d’explorer les problèmes liés aux tombes non marquées et aux enfants disparus, indique le centre. Il ne mentionne pas non plus l’interlocutrice indépendante spéciale, Kimberly Murray, qui a également été nommée pour travailler sur la question.

Eugene Arcand, qui siège en tant que membre du cercle des survivants du centre de vérité et réconciliation, dit qu’il ne comprend pas pourquoi Ottawa se tournerait vers un groupe international qui manque de connaissances dans le système des pensionnats et de « compétences culturelles » nécessaires pour des discussions aussi sensibles.

Le centre affirme avoir déjà fait part de ses préoccupations au ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, et prévoit de faire d’autres recommandations.

Dans une brève déclaration lundi, le bureau de M. Miler a déclaré que l’accord était soumis à des amendements devant être « examinés conjointement » par les responsables fédéraux et la commission internationale. La commission n’a pas encore répondu aux demandes pour commenter le dossier.