(Ottawa) La commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Brenda Lucki, quittera ses fonctions le 17 mars. Première femme à être nommée de façon permanente à la tête de la GRC dans l’histoire du pays, Mme Lucki a confirmé son intention de quitter ses fonctions dans un courriel aux membres de l’organisation.

Le mandat de cinq ans de Mme Lucki devait prendre fin en avril.

En principe, le gouvernement Trudeau aurait pu prolonger son mandat. Mais des ministres du gouvernement avaient indiqué au quotidien The Globe and Mail au cours des derniers mois qu’ils n’avaient plus confiance en Mme Lucki pour diriger les forces policières.

Elle a confirmé ses intentions quelques jours avant la publication d’un rapport très attendu de la commission d’enquête sur l’état d’urgence présidée par le juge Paul Rouleau. Son rapport doit être déposé au plus tard le 20 février.

« J’ai annoncé aujourd’hui ma décision personnelle de prendre ma retraite. Ça n’a pas été facile, car j’adore la GRC et j’ai adoré en être la 24commissaire. Je suis infiniment fière d’avoir eu la chance de diriger cette institution et d’observer personnellement le formidable travail qu’accomplissent chaque jour ses employés d’un océan à l’autre ainsi qu’à l’étranger », a affirmé la commissaire dans une déclaration.

« Depuis mon assermentation le 16 avril 2018, nous avons réalisé d’énormes progrès pour répondre aux attentes de nos communautés, de nos concitoyens et de nos partenaires contractuels et je sais que cela se poursuivra après mon départ le 17 mars 2023. À titre de commissaire, j’ai été chargée de moderniser la GRC et de résoudre ses problèmes internes. C’était tout un mandat. Grâce au soutien de l’équipe de gestion supérieure et au dévouement des employés, nous avons fait beaucoup de choses », a-t-elle ajouté.

« Je suis tellement fière des mesures que nous avons prises pour nous moderniser : accroître la responsabilisation, réduire le racisme systémique, rendre notre milieu de travail sûr et équitable, et faire progresser la réconciliation avec les peuples autochtones. […] Je pars en ayant fait de mon mieux et en étant rassurée de voir que l’organisation est bien partie pour briller en son 150e anniversaire. »

Il reste que la commissaire Lucki a été mêlée à plusieurs controverses durant son mandat.

Entre autres choses, elle a fait l’objet d’allégations de la part d’un officier de la GRC selon lesquelles elle aurait exercé une pression indue sur la GRC de la Nouvelle-Écosse pour qu’elle divulgue des détails de la tuerie qui a fait 22 morts en avril 2020 à Portapique.

Un rapport publié l’an dernier par la commission d’enquête publique sur la tragédie comprenait des notes manuscrites d’un surintendant de la GRC sur une réunion de l’état-major de la Nouvelle-Écosse 10 jours après la tuerie. Selon cette note, Mme Lucki aurait exprimé sa déception relativement au fait que les types d’armes utilisées par le tueur n’aient pas encore été rendus publics.

Selon la note, la commissaire aurait dit pendant la réunion qu’elle avait promis au ministère fédéral de la Sécurité publique et au Cabinet du premier ministre que la GRC divulguerait les informations sur les armes utilisées par le tireur, car ces informations étaient liées au projet de loi en cours sur le contrôle des armes à feu à Ottawa.

Durant la commission d’enquête sur l’état d’urgence menée par le juge Paul Rouleau, il a été révélé que la commissaire Lucki était d’avis que le gouvernement Trudeau avait encore des outils à sa disposition pour mettre fin à l’occupation du centre-ville d’Ottawa le jour même où la Loi sur les mesures d’urgence a été invoquée.