(Ottawa) Après que la cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations s’est plainte à Air Canada de la façon dont le personnel de bord l’avait traitée, ainsi que sa coiffe de cérémonie, sur un vol cette semaine, elle a déclaré vendredi que la compagnie avait répondu en lui offrant un rabais de 15 % sur son prochain vol.

La cheffe nationale Cindy Woodhouse Nepinak avait écrit jeudi sur les réseaux sociaux qu’elle avait dû retirer sa coiffe traditionnelle dans un avion d’Air Canada, et que l’article cérémoniel et sa boîte protectrice avaient été placés dans un sac de plastique, qu’elle décrivait comme un « sac poubelle ».

Mme Woodhouse Nepinak a précisé vendredi que la boîte avait été sortie de la cabine, mais qu’elle avait pu garder la coiffe avec elle tout au long du voyage, après avoir négocié avec le personnel de bord.

En entrevue vendredi, la cheffe Woodhouse Nepinak a qualifié son expérience d’« humiliante » et d’« inconcevable ». Elle a aussi estimé que l’offre de rabais d’Air Canada pour un prochain vol ressemblait à une « réponse générique ».

Air Canada avait indiqué vendredi matin dans une déclaration écrite qu’elle avait contacté directement Mme Woodhouse Nepinak pour s’excuser et « mieux comprendre » son expérience. Le transporteur a aussi indiqué qu’il assurait un suivi à l’interne et revoyait ses politiques.

La cheffe nationale a raconté que sur le vol Fredericton-Montréal, mercredi, un membre du personnel d’Air Canada s’était approché d’elle et lui avait dit : « Vous ne pouvez pas avoir ça ici » en cabine. Mme Woodhouse Nepinak soutient qu’elle leur a répondu qu’elle ne se séparerait pas de sa coiffe traditionnelle.

Pourtant, le personnel de bord a pris la coiffe et sa boîte et les a placées dans des sacs de plastique – des « sacs poubelles », avait-elle écrit jeudi. La cheffe a réussi ensuite à convaincre le personnel que la coiffe devait être retirée du sac de plastique.

Les photos publiées en ligne par Mme Woodhouse Nepinak montrent la boîte insérée dans un sac en plastique transparent et manipulée par des employés sur le tarmac, pour la charger dans la soute de l’appareil.

« J’étais un peu abasourdie à ce moment-là, a-t-elle raconté. De nombreux Canadiens ont essayé de m’aider à ce moment-là et ont réalisé que [le personnel] ne devrait pas manipuler mes articles de cette façon. »

De passage à Bromont pour une annonce, vendredi, le premier ministre Justin Trudeau a qualifié l’incident d’« erreur vraiment troublante, décevante ».

M. Trudeau a déclaré que les 94 « appels à l’action » de la Commission de vérité et réconciliation ne concernent pas seulement le gouvernement fédéral, mais réclament aussi que l’industrie et les Canadiens soient des partenaires responsables qui comprennent l’importance culturelle de telles choses.

« Air Canada et d’autres compagnies vont sûrement apprendre de cette expérience et s’engager un petit peu plus à du respect culturel et un sens de réconciliation appropriée », a-t-il dit, en précisant que le transporteur menait son enquête sur l’incident.

« Regrettable incident », dit Air Canada

Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a raconté vendredi aux journalistes qu’il avait croisé Mme Woodhouse Nepinak par hasard à l’aéroport de Montréal peu après l’incident, et la cheffe lui avait fait part du « manque de respect » qu’elle avait ressenti.

M. Singh a déclaré qu’il soutenait les appels de la cheffe nationale en faveur d’une politique visant à garantir qu’une telle situation ne se reproduise plus. Il a ajouté qu’il existait « beaucoup trop » d’exemples de manque de respect envers les Autochtones.

Air Canada a déclaré qu’elle réviserait ses politiques à la suite de ce « regrettable incident » pour s’assurer que « des articles spéciaux comme celui-ci » puissent toujours rester en cabine près des voyageurs.

« Air Canada comprend l’importance d’accommoder ses clients avec leurs objets et symboles d’importance culturelle sacrée », indique le transporteur.

« Dans le passé, les chefs [autochtones] pouvaient voyager tout en transportant leur coiffe dans leurs bagages de cabine, mais cette fois, la boîte était difficile à transporter en cabine en raison du manque d’espace de rangement dans l’avion Dash-8. »

La cheffe Woodhouse Nepinak rappelle qu’une telle coiffe constitue l’un des plus grands honneurs que les membres des Premières Nations puissent recevoir, soulignant que ce n’est pas quelque chose qui peut être simplement acheté dans un magasin.

« Quand je la porte, je représente et parle au nom de notre peuple, a-t-elle expliqué. La retirer là [dans l’avion] et voir tous ces gens la manipuler – ce n’est pas une façon de traiter nos articles […] C’est une question de respect. »

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi elle avait décidé de parler publiquement de l’incident, Mme Woodhouse Nepinak a répondu que cette situation n’était pas celle dans laquelle elle aurait voulu être plongée, mais « le créateur l’a mise sur mon chemin pour que je la traverse, et je la traverse en espérant que nous en sortions grandis ».

Elle a déclaré avoir parlé vendredi matin avec le PDG d’Air Canada et lui avoir dit que le transporteur devait faire mieux, notamment en nommant une personne des Premières Nations à son conseil d’administration. Elle souhaite également que le personnel bénéficie d’une formation interculturelle.

Mme Woodhouse Nepinak s’attend à rencontrer à nouveau des représentants d’Air Canada à propos de cette mésaventure et qu’elle inviterait la personne qui avait confectionné la coiffe à l’accompagner.