En avril, on ne se découvre pas d’un fil… et à proximité d’une forêt, on ne brûle pas de rebuts. Tel pourrait être l’adage de la SOPFEU, qui a constaté une légère hausse des incendies de forêt au Québec au cours du dernier mois. Des incendies qui étaient tous d’origine humaine, aggravés par un printemps hâtif.

Dans son bilan mensuel dévoilé lundi, la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) indique avoir enregistré 52 incendies en avril, en hausse par rapport à la moyenne de 42,4 incendies enregistrés au cours des 10 dernières années pour la même période de l’année. La superficie brûlée en avril a totalisé 45,8 hectares de forêt, comparativement à une moyenne de 27,2 hectares sur 10 ans.

L’activité humaine en cause

Fait à signaler, tous les incendies ont été provoqués par des activités humaines, mais n’auraient pu se propager sans les conditions plus sèches observées sur le terrain. Selon la SOPFEU, près de la moitié (44 %) des incendies ont été provoqués par le brûlage de rebuts végétaux lors du nettoyage printanier fait par des citoyens sur leurs terrains.

« Les feux de printemps, en général, ils sont d’origine humaine », fait remarquer Karine Pelletier, agente à la prévention et aux communications à la SOPFEU, ajoutant que bon nombre de citoyens sous-estiment les risques en brûlant des rebuts végétaux.

« Si les conditions [en forêt] ne sont pas là, que l’incendie soit d’origine naturelle ou humaine, il n’y a pas de feu tout simplement », précise Yan Boulanger, chercheur en écologie forestière à Ressources naturelles Canada. Plus les conditions propices à un incendie sont là, plus le risque est important, ajoute-t-il.

La SOPFEU signale par ailleurs que des incendies sont apparus un peu partout sur le territoire, et pas seulement dans le sud du Québec. En Abitibi, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord, entre autres, la disparition hâtive du couvert de neige a permis des conditions favorables à la propagation du feu.

« Il y a eu très peu de neige, on se retrouve donc avec un déficit de couvert de neige », confirme Yan Boulanger. Est-ce que cela signifie qu’on aura une autre saison record d’incendies au Québec ? « C’est extrêmement difficile de faire de telles prédictions. Ça dépend de plusieurs variables et même d’une concordance de ces variables », ajoute-t-il.

Les données historiques montrent cependant qu’un été suivant un hiver marqué par le phénomène météo El Niño, comme c’est le cas présentement, « favorise les incendies de forêt dans certaines régions », précise M. Boulanger.

Selon lui, on prévoit des températures supérieures aux moyennes pour l’été, un signe annonciateur d’un plus grand risque d’incendie. Surtout dans l’ouest du Canada, qui vit une période de sécheresse prolongée, « ce qui n’est pas le cas au Québec », indique le chercheur.

L’année 2024 n’établira peut-être pas un nouveau record au Québec en matière d’incendies de forêt, « mais les risques d’observer une année comme 2023 vont devenir de plus en plus importants dans l’avenir avec le changement climatique », affirme Yan Boulanger.