Montréal a brièvement fermé la porte de ses arénas à l’organisation qui gère le hockey mineur dans la métropole, début mai, dans la foulée d’allégations selon lesquelles des glaces municipales auraient été utilisées pour générer des profits.

Dans une lettre officielle, la Ville a annoncé le 8 mai dernier à Hockey Québec Région de Montréal (HQRM) qu’elle suspendait l’entente qui les unit, « et ce tant que la Ville n’aura pas obtenu les clarifications à sa satisfaction concernant l’utilisation » de ses patinoires. Des milliers d’heures de glace sont offertes au rabais chaque année à HQRM.

Selon Radio-Canada, de jeunes hockeyeurs de HQRM ont dû payer de 30 à 40 $ l’heure en argent comptant pour des cours de perfectionnement utilisant sans autorisation des patinoires municipales. C’est un ancien directeur général nommé Carl Vaillancourt – congédié depuis – qui aurait tiré la sonnette d’alarme.

Une copie de la lettre de la Ville a été déposée au palais de justice de Montréal parce que HQRM s’est adressée à la justice pour recouvrer l’accès aux arénas. Le temps pressait, a plaidé l’organisation le 10 mai dernier : « les camps de sélection des équipes AAA de Hockey Montréal Élite pour la saison 2024-2025 sont présentement en cours », plaidait la demande d’injonction. « Une annulation des camps de sélection AAA aura un impact sur l’évaluation des joueurs(euses) et la formation des équipes. »

L’organisation disait notamment craindre les contestations des parents dont les enfants auraient été retranchés à l’issue d’un camp de sélection avorté.

HQRM a finalement annoncé une entente temporaire avec Montréal, lundi dernier. Entente « en vertu de laquelle les camps de sélection des équipes AAA de Hockey Montréal Élite pour la saison 2024-2025 se poursuivront selon l’horaire », a avancé l’organisation. Les arénas Saint-Michel et Sylvio-Mantha sont notamment concernés.

« Saine gestion des fonds publics »

Cette entente ne marque toutefois pas la fin de la mésentente entre la Ville et le hockey mineur montréalais.

La responsable des sports au sein de l’administration Plante, Caroline Bourgeois, a refusé la demande d’entrevue de La Presse.

« La Ville de Montréal a la responsabilité de s’assurer de la saine gestion des fonds publics octroyés aux organisations sportives », a indiqué son cabinet, par écrit. « Des vérifications sont en cours et une entente est entérinée afin d’éviter des pertes de temps de glace pour les jeunes. »

Yves Pauzé, le grand patron de HQRM, ne nous a pas non plus accordé d’entrevue. Il a toutefois fait parvenir à La Presse une copie d’une déclaration du conseil d’administration qu’il préside.

« HQRM maintient son désir d’obtenir les conclusions et recommandations d’une enquête indépendante relativement à l’utilisation des heures de glace de la Ville pour des camps de perfectionnement d’été, et ce, dans les plus brefs délais », indique le texte. La Ville mènerait aussi sa propre enquête.

Dans la foulée, le C.A. annonce toutefois avoir résilié son contrat avec la firme chargée depuis mars dernier de mener une enquête interne. Selon la déclaration, le travail avançait trop lentement. Un avocat du cabinet Norton Rose Fulbright Canada devra reprendre le travail.

« Confidentialité absolue »

La déclaration du C.A. assure que HQRM opère « dans une totale transparence ».

La correspondance interne rendue publique dans le cadre de la demande d’injonction révèle toutefois que HQRM a longuement insisté sur les obligations de confidentialité de la firme chargée de l’enquête. Des ententes de confidentialité ont notamment été exigées de tous les employés impliqués.

« Nous insistons sur l’importance de maintenir la confidentialité absolue de toutes les informations recueillies au cours de cette enquête », souligne HQRM dans une correspondance du 8 mai. « Des informations hautement confidentielles et sensibles vous ont été fournies et pourront l’être dans le cadre de votre Mandat. »

HQRM a même ordonné à la firme d’enquête de limiter ses communications à un seul membre du conseil d’administration « à l’exclusion de quiconque autre ». Un remplaçant était prévu, mais seulement « en cas de [l’]incapacité d’agir [du premier interlocuteur] pour une période minimale de 3 jours ». « Nous sommes à vérifier si une telle obligation fut toujours respectée et espérons que ce fut le cas », avertit HQRM.