(Vatican) Des milliers de fidèles de partout dans le monde se massent depuis tôt lundi matin aux abords de la place Saint-Pierre de Rome pour rendre un dernier hommage au pape Benoît XVI, mort samedi à l’âge de 95 ans. Tous ont un point commun : Benoît XVI les a marqués de près ou de loin.

« Le pape Benoît XVI voulait me voir en personne », dit en souriant sœur Mary Kim Anh Tran. Alors qu’elle était à l’aéroport de Rome dimanche soir pour retourner à Paris, où elle vit, son vol a été annulé à la dernière minute. Rapidement, elle a pensé que le ciel lui envoyait un signe.

« J’ai tout de suite réservé un hôtel près du Vatican », explique celle qui n’a pratiquement pas fermé l’œil de la nuit. Au petit matin, elle était déjà dans la file, comme des centaines d’autres personnes, voulant être les premières à accéder à la basilique Saint-Pierre, là où le corps du défunt pape est exposé en chapelle ardente.

PHOTO ROMAIN CHAUVET, COLLABORATION SPÉCIALE

Sœur Mary Kim Anh Tran

« Je suis tellement heureuse et reconnaissante de l’avoir vu. C’est un moment inoubliable. J’ai prié pour lui, pour qu’il aille au paradis », a-t-elle confié en sortant de la basilique.

Tout au long de la journée, des milliers de personnes ont défilé sur la place Saint-Pierre. Des touristes ne sachant pas ce qui se passe, des curieux renonçant à attendre dans de longues files d’attente, mais aussi des fidèles prêts à tout.

« On ne sait pas combien de temps nous allons attendre, mais ce n’est pas un problème. C’est la dernière occasion de le voir », explique Maria Yuliana Hanul, sœur indonésienne qui vit à Rome depuis plusieurs années.

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Sœur Maria Yuliana Hanul et une amie

« C’était une personne simple, proche des gens, il était un bon pape. Nous sommes tristes, car il était comme une famille pour nous », ajoute celle qui n’avait pas hésité à venir sur place lundi avec une amie.

Un symbole pour des fidèles 

« Quand je suis entrée et que je me suis rapprochée de lui, j’ai eu un sentiment de tristesse et je me suis mise à pleurer », raconte Maria Magdalena Baca Yañez, jeune Mexicaine d’à peine 17 ans. Avec d’autres jeunes croyants du monde entier, elle était à Rome en vue d’assister à la messe du Nouvel An, quand la triste nouvelle est tombée.

Impossible pour elle de ne pas aller rendre un dernier hommage à Benoît XVI. « Je suis jeune, mais mes parents m’ont beaucoup parlé de lui. Il était important pour moi, car il était pape quand je suis née et je l’ai beaucoup observé en grandissant. C’était un modèle pour moi », a-t-elle confié.

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Maria Magdalena Baca Yañez

Venant d’une famille très religieuse, elle a expliqué que ce sont ses parents qui lui avaient beaucoup parlé des paroles et des actions de Benoît XVI tout au long de son adolescence. « Les gens nous voient comme des adolescents et pensent que nous ne comprenons pas ce genre de choses, mais ce n’est pas vrai. »

Le parcours de Benoît XVI à la tête de l’Église catholique, de 2005 à 2013, a été marqué par plusieurs controverses et une renonciation historique en février 2013. Mais pour les fidèles réunis lundi au Vatican, l’heure était plutôt à la commémoration.

« Il a travaillé fort pour l’Église tout au long de sa vie. Il a vraiment accompli beaucoup de choses », explique Giovanni Renzi, Italien venu avec des proches pour prier devant la dépouille du défunt pape.

« Benoît XVI a été une figure importante pour l’Église pendant un demi-siècle. En tant que catholique, c’est important d’être ici aujourd’hui. »

Préparatifs en vue des funérailles 

La dépouille de Joseph Ratzinger, restée jusqu’ici dans la petite chapelle privée du monastère, est exposée depuis lundi matin au cœur de la basilique Saint-Pierre, où des milliers de visiteurs sont encore attendus au cours des deux prochains jours.

Les funérailles de Benoît XVI se tiendront jeudi matin, place Saint-Pierre. L’heure est déjà à la préparation, à l’image de ces centaines de chaises qui ont été installées pour cet évènement qui sera suivi d’un bout à l’autre du monde, mais aussi par des fidèles au Vatican.

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Giovanni Renzi

Giovanni Renzi espère en faire partie, s’il y a de la place. Cela serait l’occasion pour lui de remercier le pape pour ses actions. « Je m’attends à une grande messe et à des funérailles où l’on remerciera le pape. Ce ne sera pas triste, mais cela sera plutôt un moment de reconnaissance. »

Le pape François présidera ces funérailles, qui devraient être marquées par la simplicité. Ce sera la première fois dans l’histoire moderne qu’un pape célébrera un autre pape.

La jeune Maria Magdalena Baca Yañez ne pourra pas assister en personne à ces funérailles, repartant le même jour dans son pays d’origine. Mais elle assure qu’elle les suivra à distance.

Malgré la tristesse de voir partir Benoît XVI, elle explique que peu importe le pape, il reste toujours synonyme d’espoir pour elle. « C’est difficile pour les jeunes de continuer à avoir la foi avec tout ce qui se passe dans le monde. Être chrétien dans ce monde n’est pas toujours facile, mais le pape nous donne de l’espoir », a-t-elle conclu.