« Ah ! non, pas encore », a soufflé Michelle Sanschagrin à son conjoint après qu’une épinette centenaire s’est effondrée sur leur maison de Saint-Lin–Laurentides, dans Lanaudière, dimanche après-midi.
« Cinq minutes avant que ça tombe, il faisait un beau soleil dehors », raconte au bout du fil Michelle Sanschagrin, résidante de Saint-Lin–Laurentides depuis avril dernier. « Puis, c’est devenu tout noir. C’est fou. »
Le couple venant de Montréal n’a pas été chanceux. Depuis son arrivée dans Lanaudière il y a cinq mois, il a essuyé deux phénomènes météorologiques extrêmes. D’abord le derecho en mai, pendant lequel l’un des pins devant la maison s’est effondré sur la route.
Cette fois, c’est un orage d’une rare violence qui a déraciné un deuxième arbre, tombé sur sa toiture.
On ne voyait plus rien ici. Il pleuvait vraiment beaucoup, ça [sifflait] dans la maison. On a eu peur, on a eu vraiment peur.
Michelle Sanschagrin, résidante de Saint-Lin–Laurentides
Le couple habite dans le rang du Ruisseau-Saint-Jean, une longue route rectiligne au milieu des champs. Mme Sanschagrin est convaincue d’avoir été témoin d’une tornade.
Mais selon Maxime Desharnais, météorologue pour Environnement Canada, le phénomène auquel elle a assisté serait plutôt – peut-être – une microrafale.
« C’est une augmentation très brève de la force des vents, explique le météorologue, donc des vents qui passent de légers à plus de 100 km/h. À Montréal, on a observé une rafale allant jusqu’à l’équivalent de 90 km/h. Et des dommages ont été observés avec la même force à Lanaudière, comme des arbres de 24 pouces de diamètre qui ont été cassés. »
Des milliers de foyers sans électricité
Une quinzaine de régions du Québec étaient en veille d’orages violents pour l’après-midi de dimanche. Des alertes ont aussi été émises par Environnement Canada pour un bon nombre de régions, dont Montréal, Laval, les Laurentides, Lanaudière, mais aussi des secteurs de la Montérégie, du Centre-du-Québec, de la Beauce, de la Mauricie, etc.
Dès 15 h, le nombre de foyers privés d’électricité a augmenté de façon exponentielle, atteignant plus de 99 000 clients d’Hydro-Québec au courant de la soirée. Certains disjoncteurs ont été endommagés en raison de la foudre, affirme Jonathan Côté, porte-parole pour Hydro-Québec. D’autres ont été affectés par des arbres tombés sur les lignes ou des branches cassées.
Les employés d’Hydro-Québec n’ont pas pu commencer à réparer les lignes immédiatement, parce que les orages étaient toujours en cours. En soirée, une centaine de travailleurs ont été déployés sur le terrain, et d’autres ont été appelés en renfort, a affirmé M. Côté à La Presse.
« On ne fait pas face à des dégâts aussi importants que ce qu’on avait pu connaître plus tôt cet été, assure-t-il. Probablement qu’une bonne partie des clients vont retrouver de l’électricité dans les prochaines heures. »
D’autres devront toutefois attendre jusqu’à lundi, car certains travaux ne peuvent être réalisés pendant la nuit, souligne le porte-parole.
Les régions les plus touchées par les pannes sont l’ouest de Montréal, Laval, Blainville, dans les Basses-Laurentides, et Rawdon, dans Lanaudière.
Les cellules orageuses ont poursuivi leur périple vers l’est, passant par la Capitale-Nationale et Charlevoix. En fin de soirée, elles ont commencé à perdre de leur puissance, selon M. Desharnais. Il était toutefois trop tôt pour faire un bilan des dommages.
Du vent, de la grêle, de la foudre et de la pluie
« Je pensais vraiment qu’un entonnoir allait se dessiner au-dessus de nous, ça tournait directement au-dessus de ma tête », raconte avec enthousiasme Maxime Forget, un passionné de météo de 25 ans habitant à Saint-Lin–Laurentides.
J’ai vu deux arbres en biais de chez moi s’envoler. Directement. Ils sont partis. Chez mon voisin, un arbre s’est cassé en deux. Sérieusement, c’était plus puissant [d’un coup] que quand on a reçu le derecho en mai.
Maxime Forget, résidant de Saint-Lin–Laurentides
Il y a aussi eu de la grêle de la grosseur d’un dollar, affirme M. Forget. Sans compter que la foudre s’est abattue sur le bâtiment où il habite rue Cousineau. « C’était assez impressionnant ! »
Le jeune homme, qui planifie un voyage d’observation des tornades aux États-Unis avec des amis, ne pense pas avoir été témoin d’un tel phénomène. Mais il ne serait pas surpris d’apprendre qu’une microrafale a traversé sa ville. « Saint-Lin a mangé la volée », résume-t-il.
L’une des églises de la municipalité en a même perdu une croix.
« On passait devant l’église [de Saint-Lin] et on s’est rendu compte que la croix était tombée. Ça fait un gros trou », témoigne Sandra Chapdelaine, une autre résidante de la petite ville. « Et il y a aussi une toiture de maison qui a été soulevée. »