Le 1er juin, Virginie et Genève ont décidé qu'elles n'achèteraient plus de vêtements. Elles ont fait le pari de ne plus en acheter pendant un an. Ni accessoires, bijoux, ceintures, chaussures, bottes ou sous-vêtements. Si elles ont envie de changement ou de nouveauté, elles peuvent échanger des vêtements entre elles. Elles ont de la chance, les deux amies portent la même taille.

C'est en lisant un article de magazine où il était question d'une femme qui achetait des vêtements de manière compulsive que les filles ont eu l'idée. «Elle était endettée, ses placards débordaient et elle n'en tirait aucune satisfaction. Elle avait décidé de ne plus acheter de vêtements. Nous nous sommes malheureusement reconnues dans cet article et on a décidé de faire pareil, ça ne pouvait que nous faire du bien», explique Virginie Blondel-Pelletier, 39 ans, gestionnaire de production chez Ubisoft.

Les deux amies se sont rendu compte qu'elles étaient des acheteuses compulsives et qu'elles avaient une consommation démesurée de vêtements. «Tout était prétexte à acheter un petit chandail ou une petite robe qu'on mettrait deux ou trois fois dans l'année, pas plus», constate Genève Bourassa, 30 ans, directrice des communications des Grands Frères et Grandes Soeurs du Grand Montréal.

«Et après, nous culpabilisons. On a quelques dettes de cartes de crédit accumulées, en plus de l'hypothèque et d'autres dépenses. On s'est dit qu'il était temps d'arrêter l'hémorragie, d'économiser, d'apprendre à vivre plus simplement et à avoir d'autres plaisirs», dit Virginie d'un ton décidé.

Vivre mieux avec moins

Elles ont la volonté de réussir ce pari et démontrer qu'elles peuvent vivre avec moins. «C'est une thérapie et on s'offre une récompense à la fin. Tous les mois, on se fait un chèque de 100$ et on le met dans un compte qu'on a créé. Avec cet argent, on s'envolera pour la Thaïlande l'année prochaine», expliquent les deux amies.

Depuis presque trois mois, elles tiennent le coup. Elles n'ont pas encore éprouvé de manque. «L'été se passe très bien, mais j'appréhende un peu l'automne. Les journées raccourcissent, tu as envie d'un petit remontant et tu vas magasiner», avoue Virginie. Genève a failli avoir une faiblesse. Elle a une fille de 12 ans et elle est allée lui acheter quelques vêtements pour la rentrée. Elle a su résister et sait maintenant qu'elle doit éviter de se mettre dans des situations où elle sera tentée.

Même si elles font un grand tri de leurs vêtements chaque année et en donnent aux organismes de charité, Virginie et Genève ont eu la surprise de retrouver dans leur placard des choses qu'elles n'avaient pas mises depuis près de 15 ans et qu'elles avaient complètement oubliées.

«Mes amies me disent: "Quoi, tu as déjà triché, tu es allée magasiner!" Hé non, je réponds fièrement: "C'est un vêtement qui date de 1999!" La preuve que des lignes classiques et intemporelles peuvent se porter 15 ans plus tard!», constate Virginie, amusée.

Elles s'aperçoivent aussi que ce qu'elles ont accumulé dans leur garde-robe suffit amplement et qu'elles n'ont absolument pas besoin de nouvelles tenues. Elles connaissent des filles qui ont dans leur garde-robe des vêtements qui ont encore leur étiquette et qu'elles n'ont jamais portés.

Et après?

Une fois le pari terminé, le 1er juin 2015, que va-t-il se passer? Vont-elles retomber dans leur euphorie d'achats? Avec ce pari, elles espèrent équilibrer leur vie et leurs dépenses.

«Je suis en train de revoir mes priorités et de changer mes habitudes. C'est un véritable vice que de magasiner, et c'est une drogue que de dépenser et d'acheter de manière compulsive. On peut se sentir bien dans sa peau sans vouloir sans cesse exhiber de nouvelles tenues», avoue Virginie, qui a le soutien de son conjoint qui se dit ravi de ce pari.

Elles ont désormais du temps. Elles font plus de sport, lisent davantage, varient les sorties et profitent du chalet de Virginie le week-end. Ça limite les tentations.