« L'âge d'or des protéines a commencé avec le fameux Dr Atkins, qui recommandait de couper les carbs (les glucides) », rappelle Louis Giguère, vice-président responsable de la commercialisation et de l'innovation à l'agence de marketing agroalimentaire Enzyme. La Presse a eu une discussion protéinée avec lui.

D'où vient l'engouement actuel pour les protéines ?Il y a quelques années, on parlait de manger moins de sel et de gras. On faisait des compromis pour notre santé. Aujourd'hui, on cherche plutôt à profiter pleinement des nutriments. Le point tournant a été l'apparition du yogourt grec. L'équation protéines = satiété a soudainement été facile à comprendre pour tout le monde. Cette équation est tombée dans un terreau fertile : on voulait justement moins se contraindre en mangeant, avoir du plaisir, et tout le monde a trouvé le yogourt grec extraordinairement bon.

Environ 20 % des aliments et boissons lancés aux États-Unis en 2012 mettaient l'accent sur leur teneur en protéines. Est-ce aussi le cas chez nous ?

C'est pas mal similaire au Québec et au Canada. Le succès du yogourt grec est en grande partie relié à sa teneur en protéines ; d'autres ont décidé de faire la même chose.

Est-ce une tendance qui se poursuit ?

Booster les produits avec des protéines pour les rendre plus attirants, c'est une tendance qui est encore fort présente et qui n'est pas prête à partir, ne serait-ce qu'en raison du vieillissement de la population. Les premiers Génération X ont autour de 50 ans. Physiologiquement, à cet âge, on peut observer des pertes de masse musculaire, d'où l'importance d'un régime à bonne teneur en protéines. Beaucoup d'entraîneurs disent aux gens de prendre des protéines après le sport. On ne parle pas de M. Univers, mais de recommandations données au monde ordinaire.

Conseilleriez-vous aux fabricants de mettre en marché de nouveaux produits à forte teneur en protéines ?

Oui. On peut penser aux plats préparés, qui n'affichent pas nécessairement leur teneur en protéines. Le consommateur qui achète un plat de pâtes, il se demande combien de protéines ça contient. Il est possible d'ajouter des protéines végétales à la sauce, par exemple. L'entreprise canadienne Garden, qui a développé des protéines végétales qui ont le vent dans les voiles sous la marque Gardein, vient d'ailleurs d'être vendue. On parlait beaucoup de cette transaction il y a 15 jours.

Il faut donc s'attendre à voir apparaître de nouveaux produits enrichis en protéines ?

Oui. On mange moins de viande, donc il faudra compenser. Le snackingoccupe un espace de plus en plus important. On voit ainsi une nouvelle catégorie de chips, les Beanitos, qui sont faites avec des légumineuses. C'est de plus en plus populaire aux États-Unis. Ici, nos supermarchés sont un peu en retard, mais ça s'en vient.