À l'épicerie, vous tombez sur un étalage de pains Weight Watchers. Bagels, tortillas et pains tranchés ornés du logo du célèbre programme de perte de poids vous font de l'oeil, après les excès des Fêtes. Est-ce une attrape?

«Les bagels de blé entier et le pain multigrains Weight Watchers ont une valeur nutritive intéressante», indique la nutritionniste Alexandra Leduc, qui a analysé ces produits à la demande de La Presse. Leur premier ingrédient est la farine de blé entier, un bon départ.

Par contre, on trouve aussi dans ces produits de la bale d'avoine, de la fibre de coque d'avoine et de l'inuline. «Ce type de fibres ne rassasie pas autant et n'apporte pas les avantages des fibres des grains entiers [meilleur contrôle de la glycémie, du cholestérol et de la faim]», déplore Mme Leduc.

Autre hic: le prix du pain est légèrement plus élevé que celui de produits équivalents. Quant aux bagels, «ils sont presque le double du prix, à quantité égale», observe la nutritionniste.

Deux tranches du pain Weight Watchers ne fournissent que 100 calories, mais il n'y a pas de miracle. «Sincèrement, c'est parce que les tranches sont plus petites et moins épaisses», dit Annick (prénom fictif), qui en a acheté pendant trois mois. «J'étais dans une période intense de perte de poids, explique la mère de famille et professionnelle dans la jeune quarantaine. Ça m'a permis de ne pas dépasser mon allocation de points, qui était très, très restreinte.»

Muffins au chocolat Weight Watchers

Chez Weight Watchers, chaque personne qui veut maigrir se voit allouer un nombre maximum de points à consommer par jour. Deux tranches de pain multigrains équivalent, par exemple, à deux points. Le leader mondial des services de perte de poids offre plusieurs autres aliments ne «valant» que quelques points. Ils sont plutôt étonnants pour une marque de régime: on trouve des petits gâteaux, des biscuits, des muffins, même des bonbons Weight Watchers! Ces produits sont vendus en hypermarché ou à l'occasion des réunions des participants au régime.

«C'est du marketing qui utilise la popularité du programme de Weight Watchers pour augmenter les profits de la marque, tranche Mme Leduc. J'aime mieux encourager les gens à cuisiner leurs desserts, plutôt que d'acheter des produits transformés, même étiquetés Weight Watchers.»

Pas une secte

Annick est catégorique: l'animatrice des rencontres Weight Watchers organisées à son travail n'a jamais mis de pression pour qu'elle achète les produits de la marque. «On n'entre pas dans une secte en allant chez Weight Watchers, assure-t-elle en riant. Je n'ai jamais senti la nécessité d'acheter autre chose que du pain. J'ai téléchargé une application sur mon téléphone, qui calcule combien de points valent les aliments que je mange. Je suis capable de bien doser, sans devoir consommer des produits Weight Watchers.»

La démarche d'Annick est une réussite: elle a perdu 20 kg pendant les premiers mois de 2013. «Je suis satisfaite du programme, indique-t-elle. Je maintiens mon poids depuis juillet. Je ne mange plus le pain Weight Watchers. Je fais désormais de meilleurs choix alimentaires, c'est tout.»

Dans son bureau, Mme Leduc voit quant à elle de nombreuses personnes qui reprennent vite le poids perdu, et même plus. «Je ne recommande aucun régime et Weight Watchers en fait partie, souligne-t-elle. Je conseille plutôt d'améliorer ses habitudes de vie, d'apprendre à reconnaître ses besoins corporels et de choisir ses quantités de nourriture selon ses signaux de faim et de satiété. Bref, à changer pas à pas et à manger avec plaisir, sans restriction, et non selon un calcul et des points, qui sont beaucoup trop restrictifs à long terme.»

Weight Watchers et son agence de communication Weber Shandwick n'ont pas donné suite aux demandes d'entrevue formulées par La Presse à partir du 21 novembre.