Montréal ne suivra pas les traces de la Ville de Toronto, qui a interdit la consommation d'ailerons de requin sur son territoire l'automne dernier.

En fait, la Ville a dû se prononcer sur une pétition de prime abord insolite, signée par 25 personnes et déposée le 4 juin dernier. Depuis 2009, les citoyens montréalais disposent d'un «droit d'initiative» qui leur permet de présenter une pétition pour demander une consultation publique. Cette pétition doit contenir un nombre suffisant de signatures - 15 000 pour l'ensemble de la ville, 5% pour un arrondissement - et toucher un domaine de compétence municipale.

La consultation publique sur l'agriculture urbaine, qui s'est tenue le printemps dernier, a été le premier exemple d'utilisation de ce droit d'initiative.

Un groupe de citoyens a choisi la même approche le mois dernier pour obtenir une consultation publique sur lapertinence d'interdire «la vente, la possession, la distribution et le commerce des ailerons de requin et de produits dérivés dans la grande région de Montréal». Ce commerce florissant, basé sur une méthode de pêche cruelle qui décimerait de 30 à 80 millions de requins chaque année, est dénoncé par plusieurs groupes écologistes dans le monde. On lui attribue le fait que le nombre d'espèces de requins menacées soit passé de 15 à 180 entre 1996 et 2010.

Après avoir coupé le précieux aileron, qui peut se vendre jusqu'à 1200$ le kilogramme et qui est surtout prisé par la communauté chinoise, on rejette souvent à l'eau le requin toujours vivant. Incapable de se mouvoir, il mourra lentement d'asphyxie.

En octobre dernier, Toronto a interdit la vente de soupe d'aileron de requin sur son territoire. La Ville reine est ainsi devenue la quatrième ville ontarienne à faire ce geste. Plusieurs États américains interdisent ce plat.

À Montréal, toutefois, l'interdiction de la consommation ou de la vente d'ailerons «n'entre pas dans les champs de compétence de la Ville», a jugé le comité exécutif la semaine dernière, après l'émission d'un avis des Services juridiques. Ce type de règlement relèverait plutôt des gouvernements provincial et fédéral, «que ce soit au niveau de la protection de la faune ou des normes régissant les produits alimentaires». Même si le petit nombre de signataires aurait suffi à justifier le refus de tenir une consultation publique, on a tenu à ce que les avocats de la Ville se prononcent sur le fond de la question, explique le porte-parole de la ville Jacques-Alain Lavallée.

Une demi-douzaine de restaurants offrent de la soupe d'aileron de requin dans la grande région de Montréal. Il a été impossible de joindre les auteurs de la pétition.