Repas sur le pouce dans un fast food ou une saladerie chic, sandwich du boulanger, salade en barquette de la supérette: le «snacking» représente près de 3 repas sur 4 hors domicile et est devenu un poids lourd de la restauration, avec plus de 30 milliards d'euros de ventes.

Les enquêtes le prouvent : dans environ 75% des cas, quand les consommateurs poussent la porte d'un établissement pour y déjeuner ou dîner, ils entrent dans un fast-food, une sandwicherie, un traiteur. Et dans un cas sur quatre seulement, dans un restaurant traditionnel avec service à table.

Chaque Français mange sur le pouce 65 fois par an en moyenne (autant qu'à la cantine de son entreprise), mais ne s'assoit que 30 fois à une table où il sera servi, selon une étude du cabinet Gira Food Service dévoilée jeudi lors d'un congrès organisé à Paris par le magazine professionnel France Snacking.

Si ce consommateur dépense davantage au restaurant (620 euros/an en moyenne, soit près de 800 $CAN), il consacre quand même 570 euros par an (734 $CAN) au «snacking» et 310 (400 $CAN) à la restauration collective.

La restauration traditionnelle «est en train de mourir», prédit Frédéric Loeb, expert en tendance dans la restauration, en marge du congrès. Le développement du secteur passe par le «snacking», estime-t-il.

Visiteur remarqué du dernier salon du sandwich en février, André Daguin, l'emblématique président des restaurateurs et chef étoilé qui a démocratisé le magret de canard, y voit même «l'avenir» de la restauration.

Le secteur est très diversifié, puisqu'il englobe toute la restauration rapide mais aussi les rayons spécialisés des grandes surfaces ou des commerces de centre-ville. Il commence seulement à acquérir ses lettres de noblesse.

Les chefs s'y mettent aussi

Les chefs s'y sont mis: Bocuse et son Ouest Express à Lyon, les frères Pourcel à Montpellier en 2003. Même l'une des chaînes les plus importantes, Hippopotamus, se décline désormais en version express avec RED d'Hippo, présent bientôt gare de Lyon.

La restauration collective n'y échappe pas non plus. «La demande de "snacking", qui n'apparaissait que dans un appel d'offres sur trois il y a encore quelques années, est désormais systématique», reconnaît Jocelyne Gisquet de Sodexo.

Suivant la taille de l'entreprise cliente, le leader de la restauration collective peut proposer des sandwichs en cafétéria ou une enseigne spécialisée appelé Plazza Express. Le comptoir à emporter peut représenter 15 à 20% de l'activité de certaines cantines, assure-t-elle.

Déjà fournisseur de la restauration rapide, les industries agroalimentaires innovent dans les rayons «snacking» des commerces avec des plats préparés, à réchauffer au micro-ondes et parfois vendus avec la cuillère ou la fourchette nécessaire.

Au Congrès du «snacking», Sébastien Souliac, l'un des responsables de l'enseigne de grande distribution Dia, explique par exemple que les premiers yogourts du rayon «snacking» était en fait des yogourts classiques mais «déconditionnés» (séparés, NDLR) pour être vendus à l'unité.

Puis il a approvisionné ses rayons avec des «yogourts avec cuillère incorporée». Désormais, l'enseigne à bas prix fait fabriquer des laitages pour le snacking sous sa marque propre.

Reste qu'au pays de la gastronomie, les habitudes alimentaires ont la vie dure, relève Eric Eygasier, directeur des opérations de Relay France, qui étoffe son rayon «snacking» dans les gares, à côté des journaux et des livres: il n'est pas rare de rentrer chez soi le soir, en disant qu'on n'a «pas eu le temps de déjeuner le midi» parce qu'on n'a «mangé qu'un sandwich».