Malgré les craintes de contamination radioactive d'aliments japonais, le sushi bar Juni, avenue Laurier à Montréal, ne révise pas son menu. «On sert toujours des poissons japonais, a dit hier à La Presse Jonathan Daunais, copropriétaire du réputé restaurant. Mais tous nos poissons viennent de l'île de Kyushu, au sud-ouest du Japon.» Soit à plus de 1000 km de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima. «Pour nous, ça ne change absolument rien», a-t-il assuré.

Il n'y a pas plus de crainte à avoir au comptoir à sushis de votre quartier, parce que peu d'aliments y sont... réellement japonais. La sauce soya Kikkoman? Celle vendue au Canada sort d'usines du Wisconsin et de Californie. La bière Sapporo? Elle est brassée par Sleeman à Guelph, en Ontario.

«Nous utilisions quelques produits du Japon, mais nos fournisseurs ont arrêté de nous les vendre depuis le tremblement de terre, a indiqué Nippon Nguyen, gérant du restaurant japonais Niji, de Brossard. Ils ne prennent pas la situation à la légère.» À défaut d'oursins japonais, les chefs du Niji cuisinent maintenant les oursins américains. Le thon venait déjà d'Australie, des Philippines ou d'Inde, le bar rayé, des États-Unis, le saumon et le homard du Canada. «C'est très rare que le poisson soit du Japon, a fait valoir M. Nguyen. Les consommateurs n'ont pas à s'inquiéter.»

S'il y a un impact à prévoir, c'est sur les prix, qui augmenteront sûrement, selon Sandrine Duong, responsable des achats du secteur congelé chez l'importateur et distributeur Pêcheries Norref. «Le Japon est un des pays où on mange le plus de fruits de mer au monde», a-t-elle indiqué. Si les Japonais délaissent les produits locaux, la demande pour les fruits de mer d'ailleurs sera forte.

Légumes radioactifs à Tokyo

Hier, un niveau anormalement élevé de radioactivité a été détecté pour la première fois dans des légumes provenant de Tokyo, d'après l'AFP. Depuis le début de la semaine, les autorités japonaises avaient interdit la vente de plus d'une dizaine de légumes et du lait cru provenant de préfectures proches de la centrale nucléaire endommagée.

Le Canada exige depuis mercredi des documents attestant la salubrité des produits laitiers, fruits et légumes provenant des régions japonaises affectées par la crise nucléaire. En 2010, des produits agroalimentaires japonais d'une valeur de 42,6 millions ont été importés au Canada. C'est très peu: l'empire du Soleil-Levant a fourni 0,045% de nos importations en fruits et légumes et 0,001% de celles de produits laitiers.

Sushis pour aider les victimes

Les chefs japonais sont presque aussi rares dans nos comptoirs à sushis. Sauf au Juni, «où tous nos chefs viennent du Japon», a indiqué M. Daunais. Le Juni prépare un souper-bénéfice pour les victimes des catastrophes japonaises, le 17 avril. «On est allés à Sendai (ville proche de l'épicentre du séisme) fin janvier, a souligné M. Daunais. On y a des amis, de la maison de saké Hakurakusei, l'un des meilleurs au Japon. Ils ont tout perdu.»