Aquafina Plus a lancé, au début de l'année, une eau vitaminée au parfum de limonade aux fraises qui ne contient que 10 calories par bouteille. L'automne dernier, Glacéau Vitaminwater avait offert au Québec ses «eaux enrichies d'éléments nutritifs» en version hypocalorique.

Modeste, Aquafina dit ajouter des vitamines C (250% de la dose quotidienne recommandée par bouteille!) et B-12 (120%) , notamment, «pour contribuer au maintien d'une bonne santé».

Vitaminwater est plus percutante. La Recharge à 10 calories, additionnée de vitamines B-3, B-5, B-6 et B-12, a pour fonction «la résilience», selon la firme rachetée par Coca-Cola. La Go-Go fait miroiter un plus vague «oumph!».

D'autres variétés, à environ 130 calories par bouteille, promettent carrément «la guérison grâce aux nombreux antioxydants», voire «l'immunité» avec du zinc, «un regard perçant» avec l'ajout de lutéine ou de l'énergie avec de la caféine. Certaines sont réservées aux adultes, leur consommation limitée à une bouteille par jour. Encore faut-il lire l'étiquette pour le savoir...

«Vitaminwater a un marketing incroyable», observe Paul Boisvert, coordonnateur de la chaire de recherche sur l'obésité de l'Université Laval. À 1,99$ la bouteille de 591 ml, le client paie pour ce marketing. «Prendre une multivitamine avec de l'eau, ça coûte 10 cents!» souligne-t-il.

A-t-on besoin de ces vitamines et minéraux supplémentaires? «Non, répond Stéphanie Côté, nutritionniste à Extenso, centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal. Si c'est le cas, il y a des changements à apporter à notre alimentation avant tout.»

Prendre une boisson vitaminée à l'occasion n'est pas néfaste, précise-t-elle. Mais si l'on en fait son assurance maladie en croyant qu'on peut ensuite manger ce que l'on veut, «c'est préoccupant».

Plainte contre Vitaminwater

Début février, aux États-Unis, le groupe de consommateurs National Consumers League a porté plainte contre Vitaminwater auprès de l'agence fédérale responsable de l'application du droit de la consommation.

Les publicités et étiquettes de Vitaminwater sont «dangereusement trompeuses», selon le groupe. Sont montrés du doigt les publicités qui promettent l'immunité et disant que les vaccins contre la grippe sont dépassés. On reproche aussi à Vitaminwater d'ajouter du sucre à ses boissons. En janvier, l'autorité des normes publicitaires britanniques a ordonné à la firme de cesser de prétendre que ses boissons sont nutritives. Motif: les quatre à cinq cuillerées à thé de sucre que contient chaque bouteille la discréditent.

Le stévia n'est pas approuvé par Santé Canada

Sucrées au stévia, les versions hypocaloriques d'Aquafina et Vitaminwater mettront-elles fin à la controverse? Pas sûr. Le stévia est une plante originaire du Brésil et du Paraguay, dont l'extrait pur est de 200 à 300 fois plus sucré que le sucre, explique Aquafina, qui appartient à PepsiCo. Il est «utilisé comme édulcorant depuis plus de 30 ans dans d'autres pays», fait valoir l'entreprise.

Gros hic: Santé Canada n'a toujours pas autorisé l'usage de stévia dans les aliments. Pour contourner ce problème, Aquafina et Vitaminwater présentent leurs boissons comme des «produits de santé naturels». Santé Canada a autorisé l'utilisation du stévia dans 194 produits de santé naturels à ce jour, a précisé hier Leslie Meerburg, porte-parole du Ministère.