Les Américains mangent trop salé et les autorités sanitaires devraient imposer des limites à la présence de sodium dans l'alimentation, l'excès de sel étant facteur d'hypertension et de problèmes cardiovasculaires, estime mardi un rapport commandé par le Congrès.

Les Américains ingurgitent en moyenne 3400 milligrammes de sodium par jour (l'équivalent d'une cuillère et demie) au lieu d'un maximum de 2300 milligrammes (1 cuillère) recommandés par le département de l'agriculture (USDA), le niveau idéal étant de 1500 mg/jour.Mais comme 77% du sel consommé par les Américains au quotidien vient, non pas de la salière, mais de l'alimentation industrielle préparée et des restaurants, «il est difficile pour les gens de réduire leur consommation de sel», regrette un rapport de l'Institute of Medicine commandé par le Congrès et les Centres de contrôle des maladies (CDC).

«Cela fait 40 ans que nous connaissons la relation entre le sel et le développement de l'hypertension et d'autres maladies mortelles, mais nous n'avons pas réussi à diminuer ce condiment dans notre alimentation», affirme Jane Henney, professeur de médecine et présidente du comité d'experts, auteurs du rapport.

«L'appétit des Américains pour le sel est le résultat d'un changement d'habitudes de consommation, avec davantage de nourriture industrielle, de plats pris dehors, et moins de préparation culinaire avec des aliments simples et crus», notent encore les experts. Selon eux, «le goût des gens peut être progressivement modifié vers moins de penchant pour la saveur salée», grâce à une action directive et progressive de l'agence de réglementation de l'alimentation, la FDA.

Interrogée par l'AFP, la FDA a indiqué mardi qu'elle allait «examiner de près dans les prochaines semaines les recommandations du rapport» et qu'un «groupe de travail inter-agences sur le sodium» serait créé «pour envisager les prochaines étapes».

«Réussir à faire baisser la consommation de sodium va demander une action nationale coordonnée avec la participation de tous», a indiqué une porte-parole Pat El-Hinnawy.

Déjà des éditorialistes conservateurs stigmatisaient mardi l'idée que le gouvernement mette son grain de sel dans l'assiette des Américains: «vous mangez trop de sel, le président Obama va s'occuper de vous», ironisait un éditorial du Washington Examiner. «Je ne suis pas sûr que les pères fondateurs avaient cela à l'esprit lorsqu'ils ont conçu un gouvernement aux pouvoirs limités».

Du côté de l'industrie, de nombreux groupes alimentaires tels Kraft Foods, Pepsico ou Subway ont assuré faire un effort pour réduire la proportion de sel --actuellement sans limite-- dans les chips, les fromages et autres sodas. Mais «les compagnies craignent de perdre des consommateurs qui préfèrent continuer à manger saler», note l'Institute of Medicine.

Selon une récente étude des Universités Columbia et de Californie, «seulement 3 grammes de sel en moins par jour (1.200 mg de sodium) réduiraient les cas de nouvelles maladies cardiaques de 11% et les crises cardiaques de 13%».

A la pointe, la ville de New York vient de demander aux restaurateurs et industriels de diminuer de 25% sur cinq ans la quantité de sel dans leurs produits.

Les industriels du sel quant à eux ne voient pas d'un bon oeil l'éventualité d'une règlementation. «Aucune preuve ne démontre que les niveaux de consommation actuels de sel aient des effets négatifs sur la santé tels que davantage de crises cardiaques ou de mortalité cardio-vasculaire», affirme le Salt Institute sur son site.