La prochaine victoire de Marc-André Fleury sera sa 552e dans la LNH. Ce sera aussi, et surtout, celle qui le verra dépasser Patrick Roy au deuxième rang de tous les temps, derrière l’inatteignable Martin Brodeur. Survol, en chiffres, d’une carrière hors du commun.

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Martin Brodeur est le meneur de tous les temps avec 691 victoires en carrière.

Voilà donc Fleury à 551 victoires, à égalité avec Patrick Roy, mais encore loin derrière Martin Brodeur. À presque 39 ans, il atteint ce seuil un peu plus tardivement que ses idoles de jeunesse : Roy avait trente-sept ans et demi, et Brodeur, 36 ans et 10 mois, le jour de leur 551e gain. Qu’à cela ne tienne, Fleury a eu besoin de moins de départs pour réaliser l’exploit : 975, contre 977 (Brodeur) et 1003 (Roy). Ces derniers, toutefois, ont passé l’essentiel de leur carrière dans l’ère des matchs nuls. Si les tirs de barrage avaient existé avant 2005, ils auraient certainement signé davantage de victoires.

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Le natif de Sorel est le dernier gardien sélectionné au tout premier rang du repêchage de la LNH. Seuls Rick DiPietro (2000) et Michel Plasse (1968) l’ont précédé. En 2003, les Penguins de Pittsburgh ont cédé aux pressions de leur ex-gardien devenu recruteur, Gilles Meloche, et ont procédé à une transaction pour passer du troisième au premier échelon. Les Panthers de la Floride ont été étrangement peu gourmands : pour laisser les Penguins s’exprimer les premiers, ils se sont contentés de la troisième sélection au total, d’un choix de deuxième tour et de Mikael Samuelsson, attaquant qui a disputé 37 matchs à Sunrise.

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En 2004, année du lock-out dans la Ligue nationale de hockey, Marc-André Fleury a joué pour les Penguins de Wilkes-Barre/Scranton de la Ligue américaine.

Il s’est écoulé 646 jours, ou 21 mois, entre le 22e et le 23e match de Fleury dans la LNH. À 18 ans, après avoir souffert pendant 22 matchs au cours desquels il n’a gagné que quatre fois, le Québécois a été cédé à son club junior, les Screaming Eagles du Cap-Breton, en janvier 2004. Un lock-out a ensuite entraîné l’annulation complète de la saison 2004-2005, que Fleury a passée dans la Ligue américaine. Son retour dans la grande ligue, à l’automne 2005, a coïncidé avec l’arrivée de Sidney Crosby à Pittsburgh.

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Après avoir amorcé la saison 2005-2006 dans la Ligue américaine, Marc-André Fleury est rappelé pour de bon par les Penguins de Pittsburgh. Il affrontera le Canadien et Richard Zednik le 3 janvier 2006.

On n’y pense plus, mais son ascension comme gardien numéro un dans la LNH ne s’est pas faite du jour au lendemain. En 2005-2006, Fleury amorce la saison dans la Ligue américaine, mais est rapidement rappelé lorsque Jocelyn Thibault se blesse. En octobre et en novembre, il dispute 12 matchs avec les Penguins de Wilkes-Barre/Scranton avant d’être rappelé pour de bon. Il ne verra plus les ligues mineures que le temps de quelques matchs, en 2008, pour retrouver la forme après avoir soigné une blessure à la cheville.

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À 22 ans, voilà Marc-André Fleury bien installé dans le siège du titulaire chez les Penguins. Il signe 40 victoires en 2006-2007, un plateau qu’il n’atteindra qu’une seule autre fois.

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Une carrière de 20 ans et 1000 matchs dans la LNH vient forcément avec son lot de mauvais buts pour un gardien. Celui qu’a concédé Fleury à Henrik Zetterberg, le 4 juin 2008, est toutefois resté l’un des plus marquants pour lui. Au sixième match de la finale de la Coupe Stanley, les Penguins accusent une retard par 2 à 1. En troisième période, le Suédois s’avance sur le flanc gauche et décoche un tir que le portier semble maîtriser. Or, il n’en est rien. La rondelle glisse doucement sous Fleury et s’arrête derrière lui. Comble de malheur, le Québécois, tentant de l’immobiliser, la pousse dans son propre filet. Même s’il restait plus de 12 minutes à jouer, il s’agira finalement du but gagnant du match et de la série.

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Un an plus tard. Match 7 de la finale, encore une fois contre les Red Wings. Les secondes s’égrènent, et la rondelle circule en territoire des Penguins. Fleury accorde un long retour de lancer, et Nicklas Lidstrom bondit sur le disque libre. Cette fois, pas de faux pas : il se jette à sa droite et stoppe le tir du légendaire défenseur avec 1,5 seconde à écouler. Il n’y a plus de temps : les Penguins sont champions ! Fleury remporte sa première Coupe Stanley.

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De 2009-2010 à 2015-2016, les Penguins sont une équipe dominante, et leur gardien l’est aussi. Personne ne gagne plus de matchs que Marc-André Fleury dans l’intervalle. Il ne passe pourtant jamais près d’une nomination au trophée Vézina. Ces succès en saison ne se traduisent toutefois pas en victoires en séries éliminatoires. De 2010 à 2015, l’équipe ne franchit le premier tour qu’à deux reprises, et jamais le deuxième.

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En mars 2016, Fleury est victime d’une commotion cérébrale qui le garde à l’écart du jeu pendant quelques semaines. C’est donc Matt Murray qui est appelé à le remplacer jusqu’à la fin de la saison. Le jeune prodige de 21 ans transporte les Penguins jusqu’en finale de conférence. Enfin rétabli, Fleury est appelé en relève au match 4 et amorce le match 5, qu’il perd. Murray retrouve le filet et ne le perd plus, menant les Penguins à la Coupe. Les séries de Fleury se résument à deux matchs.

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Marc-André Fleury rencontre des jeunes joueurs issus du hockey mineur de Sorel avec la Coupe Stanley, en juillet 2017.

Il faut 16 victoires à une équipe pour gagner la Coupe Stanley. Marc-André Fleury en a signé neuf pendant les séries de 2017. Deux défaites en finale de conférence, y compris une contre-performance au match 3, lui ont coûté son filet. Il a regardé toute la fin des séries du bout du banc, assistant au deuxième triomphe signé Matt Murray.

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Marc-André Fleury a été repêché par les Golden Knights de Vegas en 2017, lors du repêchage d’expansion.

En juin 2017, Marc-André Fleury n’est pas protégé par les Penguins en vue du repêchage d’expansion. Les Golden Knights de Vegas, 31e équipe de la LNH, n’hésitent pas à en faire leur joueur de concession. Le Québécois quitte les Penguins en laissant derrière lui à peu près tous les records imaginables chez les gardiens de l’organisation.

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Marc-André Fleury rejoint les Blackhawks de Chicago à l’été 2021… après avoir remporté le trophée Vézina avec les Golden Knights.

Fleury relance sa carrière dans le désert du Nevada, où il aligne les victoires et dispute presque 50 matchs en séries éliminatoires. Son règne se termine toutefois de la plus étrange des façons. Au cours du même été, en 2021, il remporte le trophée Vézina, le premier et seul de sa carrière, après avoir conservé une moyenne de buts alloués de 1,98 et un taux d’arrêts de ,928, deux sommets pour lui ; puis il est échangé contre… rien. Coincés par le plafond salarial, les Knights l’envoient aux Blackhawks de Chicago.

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Fleury passe en coup de vent à Chicago et est échangé au Wild du Minnesota en mars 2022. Il rejoint ainsi la quatrième équipe de sa carrière. Bien qu’il doive désormais partager le filet avec Filip Gustavsson, de 13 ans son cadet, il signe 24 victoires en 2022-2023. Sans le confirmer, il a avoué que la présente saison pourrait être sa dernière sur le circuit. Si tel est le cas, il tirera sa révérence la tête haute et sortira par la grande porte. Avant, probablement, de franchir celles du Temple de la renommée du hockey.

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