Le directeur général des Coyotes de l’Arizona, Bill Armstrong, a osé il y a quelques semaines avancer un échéancier pour une reconstruction : sept ou huit ans.

Le collègue Alexandre Pratt a été légèrement plus optimiste pour celle du Canadien en statuant six ans. Le CH, si tout va bien, deviendrait une puissance de la LNH en 2027, puisque le virage jeunesse s’est amorcé l’an dernier.

Kent Hughes a d’ailleurs encore prôné la patience, lors de son bilan de mi-saison mercredi, sans toutefois promettre de date de livraison.

Six ans ne signifient pas pour autant six années de misère, dans la cave du classement, à couler volontairement. Mais cinq ou six ans sans compromis, sans raccourcis, avec sans doute de belles luttes pour une place en séries, sans pour autant compromettre l’avenir.

C’est continuer à échanger des vétérans dans la fin vingtaine, début trentaine, pour encore un an ou deux, accepter les erreurs des jeunes, avant d’être prêt à courir.

Devenir une puissance, c’est terminer parmi les dix équipes de la LNH, les cinq mêmes, pendant plusieurs saisons consécutives, et posséder les effectifs pour espérer gagner la Coupe.

Tampa Bay a terminé dans le top dix à sept reprises au cours des neuf dernières saisons, trois fois dans le top cinq entre 2017 et 2020, et remporté deux Coupes.

Chicago a terminé dans le top dix dans huit saisons sur neuf entre 2008 et 2017, deux fois de suite dans le top cinq entre 2015 et 2016, et gagné trois Coupes.

Quand on y pense, le Canadien a terminé seulement cinq fois dans le top dix de la LNH depuis 1994, trois fois dans le top cinq, en 2008, 2013 et 2015, mais une seule fois dans le top cinq deux années consécutives, entre 2013 et 2015, sous le règne de Marc Bergevin.

Montréal a aussi été exclu du top quinze au classement général 15 fois au cours des 26 dernières saisons.

Qu’est-ce que six ans d’attente quand le fan montréalais vient de passer presque 30 ans sans vivre les mêmes aspirations que les partisans de Denver, Tampa, Chicago et Pittsburgh ?

Il y a évidemment des risques. Edmonton et Buffalo s’y sont pris à quelques reprises au cours des dernières décennies et les Oilers, malgré McDavid, se retrouvent toujours dans une lutte acharnée pour une place en séries cette saison, huit ans après l’arrivée de celui-ci.

PHOTO JEROME MIRON, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Connor McDavid

Dans les deux cas, il y a eu de mauvaises décisions au repêchage, l’incapacité à dénicher des gardiens de premier plan et un manque de patience, essentielle à la pérennité d’un club.

Ce danger guette nos voisins, les Sénateurs, entre autres. Ottawa en est à sa cinquième année de reconstruction depuis les départs de Karlsson, Stone et Duchene. À l’aube de la quatrième, le DG Pierre Dorion a déclaré son club prêt à passer à l’autre étape. Les Sénateurs ont terminé au 26e rang du classement général.

L’été dernier, pour accélérer le processus, Dorion a cédé son septième choix au total pour obtenir Alex DeBrincat et offert 19 millions pour trois ans à Claude Giroux.

Malgré l’apport offensif de ces deux joueurs, les Sénateurs sont à peine meilleurs. Ils se retrouvent à huit points de la dernière place donnant accès aux séries et occupent le 25e rang du classement général, deux points devant Montréal.

Ils viennent d’ailleurs au 25e rang de la LNH au chapitre des buts marqués par match avec une moyenne de 2,95, malgré une efficacité de 25,6 % en supériorité numérique, au troisième rang derrière Edmonton et Boston.

Ottawa avait une fiche de 16-24-4, pour 36 points, après 44 matchs l’an dernier. Ils ont une fiche de 20-21-3 pour 43 points cette saison. Quatre victoires de plus.

Le taux d’efficacité des gardiens Cam Talbot et Anton Forsberg se situe sous les ,905.

Peu importe la formule, il faut prendre les bonnes décisions. Jusqu’ici, Kent Hughes a prouvé qu’on pouvait lui faire confiance. Il lui restera à être fidèle à son plan et ne pas brûler les étapes. Serez-vous aussi patients ?

Le réalisme de Darryl Sutter

L’entraîneur en chef des Flames de Calgary, Darryl Sutter, a été franc et direct comme à son habitude mercredi soir après la défaite nette de son club, 4-1 aux mains de l’Avalanche du Colorado. « On avait une petite idée de notre valeur, nous figurons parmi les équipes du milieu, et nous ne sommes pas de leur calibre. On s’est préparé comme on pouvait, mais ils sont les champions. »

Les champions s’approchent d’ailleurs. Ils se retrouvent à deux points des Flames et de la dernière place donnant accès aux séries… avec trois matchs de plus à disputer. Calgary est à deux points des Oilers et du septième rang dans l’Ouest.

Pour un club qui a cédé au Canadien un choix de première ronde pour se débarrasser du salaire de Sean Monahan et ainsi arracher à l’Avalanche son deuxième centre, Nazem Kadri, 32 ans, au coût de 49 millions pour sept ans, qui versera 84 millions pour huit ans à Jonathan Huberdeau, 29 ans, à compter de l’an prochain, et 50 millions sur la même période à MacKenzie Weegar, ça n’était pas le scénario prévu.

Il faut leur souhaiter au moins une place en séries…

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