En moins d'un an, Phil Kessel aura vécu la période la plus sombre de sa carrière avant de connaître l'apothéose.

L'ailier vedette a complété une saison en crescendo avec les Penguins de Pittsburgh, menant le club à titre de meilleur marqueur des séries éliminatoires en route vers une conquête de la Coupe Stanley. Et tout ça 11 mois et 12 jours après avoir quitté en disgrâce les Maple Leafs de Toronto.

«C'est une longue année, mais c'est la meilleure de ma vie», a reconnu Kessel avec émotions et arborant une barbe bien fournie, dimanche, au SAP Center, alors que les Penguins célébraient leur triomphe.

Il s'agit d'un des dénouements les plus imprévisibles pour Kessel, dont la carrière était en chute libre quand il a quitté les Maple Leafs en juillet dernier. Il venait de vivre sa pire saison dans la LNH et il était identifié comme le grand responsable des problèmes ayant miné l'équipe torontoise.

Sa personnalité a été décriée par différents médias et un certain nombre de partisans, et même des membres du club ont laissé entendre pas très subtilement qu'ils étaient heureux de le voir partir.

Le directeur-général des Penguins, Jim Rutherford, a toutefois ciblé Kessel comme son candidat no 1, ne se laissant manifestement pas décourager par les critiques au sujet de sa personnalité et par le fait que ses performances sur la patinoire étaient en perte de vitesse.

Rutherford était fasciné par la vitesse et le talent de marqueur de Kessel. Ces deux atouts de Kessel se sont révélés des facteurs importants en séries éliminatoires.

Kessel a inscrit 10 buts chemin faisant vers la coupe, menant les Penguins avec 22 points. Son trio, avec le rapide Carl Hagelin et le centre Nick Bonino, s'est révélé le plus efficace des Penguins.

«C'est un grand changement d'où je me trouvais avant», a déclaré Kessel à propos de son déménagement en Pennsylvanie.

Ses anciens coéquipiers des Maple Leafs, qui jouent actuellement pour les Sharks, se sont souvent fait poser la même question quand il est question de Kessel: qu'est-ce qui est différent avec Phil? Ils hochent la tête, sachant qu'en réalité rien n'a changé.

Kessel, âgé de 28 ans, est le même joueur qu'il a toujours été, mais avec de meilleurs coéquipiers.

«Je n'ai rien changé, a reconnu Kessel. Je joue comme je l'ai fait toute ma carrière. Évidemment, vous n'obtenez pas beaucoup de chances comme celle-ci, vous devez donc essayer d'être à votre meilleur.»

Ses coéquipiers à Pittsburgh le décrivent comme un gars tranquille, joyeux et compétitif.

«On entend toujours certaines choses sur les gars et, évidemment, elles sont présentées différemment, mais Phil est un vrai bon gars, a déclaré l'ailier Bryan Rust. Il est un peu du genre tranquille, réservé. Mais c'est un gars d'équipe, qui fait tout ce qu'il peut pour aider ses coéquipiers. Il a toujours le sourire.»

L'entraîneur des Penguins Mike Sullivan a soutenu tout au long des séries éliminatoires que Kessel est devenu un joueur plus complet au fil des mois à Pittsburgh. Les entraîneurs torontois avaient exprimé des attentes similaires tout au long de sa carrière avec les Leafs, mais sans résultat.

Tout indique que Kessel s'est montré plus constant dans ses efforts pendant le parcours des Penguins vers la coupe.

«Quand je le regarde jouer, je me dis: il est déterminé à nous aider à gagner», avait noté Sullivan après le quatrième match.

Sullivan a loué la diligence de Kessel quand il n'est pas en possession de la rondelle et l'intensité qu'il démontre pour récupérer des rondelles libres en zone défensive.

Kessel a encore six ans à écouler au lourd contrat que les Penguins ont choisi d'acquérir le 1er juillet dernier et nul ne sait ce qu'il adviendra à la fin. Mais peu importe, cette décision est une victoire pour les Penguins à la lumière du championnat qu'il a aidé à remporter.

Kessel avait reçu un appel de Sidney Crosby peu après son transfert à Pittsburgh et Crosby lui avait dit combien il était excité de le compter comme nouveau coéquipier. Ils tenteraient de gagner la coupe ensemble, lui avait dit Crosby.

«Et nous y sommes parvenus, a dit Kessel. C'est un sentiment incroyable.»