La course vient de s'achever. Transpirant dans sa combinaison trop grande pour lui, une bouteille d'eau à la main, Jacques Villeneuve affiche le sourire. Ça va mieux. Ça va même beaucoup mieux.

La course vient de s'achever. Transpirant dans sa combinaison trop grande pour lui, une bouteille d'eau à la main, Jacques Villeneuve affiche le sourire. Ça va mieux. Ça va même beaucoup mieux.

Comme il l'avait espéré, il a terminé le Grand Prix d'Angleterre dans les points. N'en marquer qu'un seul ne constitue pas une grosse déception, étant donné que les six premières places ont été monopolisées par les trois écuries qui ne comptent pas, pour l'instant, parmi ses adversaires directs.

Ce n'est pas la première fois que les deux BMW Sauber terminent dans les points c'était déjà le cas en Australie. Mais c'est la première fois qu'elles signent cet exploit alors qu'aucune Ferrari, aucune Renault et aucune McLaren n'abandonnent.

«Nous ne sommes pas encore au niveau des trois meilleures équipes, analyse Villeneuve. Je ne les considère pas vraiment comme nos rivales. Mais au début de la saison, nous avions besoin qu'elles abandonnent pour marquer des points. Plus maintenant. On espérait mieux ici, mais vu les circonstances, je pense que nous avons fait une super course. C'est vraiment très encourageant pour Montréal.»

Dans deux semaines, Villeneuve compte bien profiter de cette BMW Sauber transformée. Son coéquipier Nick Heidfeld parle même de véritable bond en avant. «Je suis très confiant pour Montréal, ajoute Villeneuve. Il n'y aura qu'un seul petit problème: je devrai utiliser le même moteur qu'ici. Ce moteur aura déjà couvert un Grand Prix, et il faudra faire attention.»

Mario Theissen, le directeur de l'écurie, ne juge pas cet handicap trop pénalisant. «Je suis vraiment très optimiste pour notre campagne nord-américaine, affirme l'Allemand. Un moteur qui a déjà couvert un Grand Prix est peut-être un petit peu moins pointu, et il faut le ménager, surtout le vendredi. Mais franchement, on parle d'une perte de quelques centièmes de seconde au tour. D'un demi-dixième tout au plus. Rien de très significatif.»

En fait, la course aurait pu tourner nettement plus mal pour Villeneuve, emporté dans un accrochage avec Juan Pablo Montoya au premier virage déjà. Un incident qui a causé la colère du Colombien après la course. «C'est vraiment idiot que Jacques ait perdu le contrôle de sa voiture, parce qu'il a détruit mon ponton. y avait un gros trou, et la tenue de route n'était plus du tout la même.»

Pour Villeneuve, l'accrochage se limitait pourtant à un banal incident de course. «J'étais à l'intérieur, Juan Pablo à l'extérieur. Commej'étais en retrait par rapport à lui, il ne pouvait pas me voir. s'est rabattu, j'ai bloqué mes roues pour l'éviter, mais on s'est touchés. Un simple incident de course. Heureusement, ma voiture n'avait rien...»

Surpris par Nico Rosberg au départ, le Québécois est alors resté bloqué derrière la Williams jusqu'au... 45e tour. «J'étais plus rapide, mais il était impossible de le passer, poursuit Villeneuve. C'était un joli duel, et j'attendais qu'il fasse une faute... qu'il n'a jamais commise. Mais quand j'ai vu qu'il s'est arrêté pour ravitailler trois tours avant moi, j'ai tout donné. J'ai foncé, j'ai pris tous les risques avec des pneus déjà très usés, et ç'a payé. Quand je suis ressorti des stands, j'étais devant...»

Devant, et dans les points. Tout ce qui reste à souhaiter à Villeneuve, désormais, c'est que sa BMW Sauber F1.06 affiche la même vélocité à Montréal qu'à Silverstone et... qu'on déplore quelques abandons parmi les trois écuries de pointe. Car alors, le Québécois peut compter marquer plus de points, voire de terminer sur le podium. On peut rêver...