Le cabinet du ministre de l’Éducation est « confiant que le Centre de services scolaires de Montréal (CSSDM) prendra acte des recommandations de la protectrice régionale de l’élève » au sujet des collations potentiellement nocives distribuées dans ses écoles, a-t-il écrit à La Presse.

Après six mois d’enquête, MMarie-Ève Dorion a prié le CSSDM de retirer de son offre de collation tous les « aliments hautement transformés ou à la limite de l’être ». Parce qu’ils risquent de rendre les écoliers obèses et malades tellement ils sont servis souvent et tellement ils contiennent de gras saturés, de sucre et de sel. D’ici 16 mois, des fruits et légumes devront les remplacer chaque jour, comme le veut le Guide alimentaire canadien, a-t-elle ajouté.

La plupart des recommandations imposeraient au CSSDM un exercice « prématuré et disproportionné », lui a répondu l’organisme. À l’inverse, les quatre experts en santé ou en nutrition interrogés par La Presse estiment tout que les écoles attendent depuis déjà trop longtemps – puisque le Guide alimentaire révisé a paru en 2019 – et que le ministère de l’Éducation doit en faire plus, sans tarder, car le réseau scolaire manque de fonds et de main-d’œuvre.

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« On est conscients que les besoins alimentaires augmentent dans toutes les écoles du Québec. La priorité est de répondre à ces besoins tout en s’assurant d’offrir des collations saines et équilibrées pour nos élèves », nous a écrit Antoine de la Durantaye, attaché de presse du ministre Bernard Drainville. […] Entre 2018 et aujourd’hui, on a plus que doublé les budgets, en passant de 25,5 millions à 60,9 millions. »

Le père de famille qui a porté plainte auprès de la protectrice régionale de l’élève, Daniel Vézina, se réjouit « que le ministre reconnaisse les recommandations ». « Mais j’espère que les députés lui demanderont des comptes un peu plus détaillés en Chambre, poursuit-il. Il faut aller plus loin et mettre le rapport en action, avec une date butoir. Le ministre devrait au moins confirmer que les écoles doivent suivre le Guide alimentaire canadien. »

Plus de quatre ans après l’adoption de ce Guide et 17 ans après sa propre parution, la Politique-cadre (québécoise) pour une saine alimentation et un mode de vie physiquement actif est toujours en cours de révision.

Ni le cabinet du ministre Drainville ni le ministère de l’Éducation n’ont spécifié à La Presse à quel moment elle sera publiée. « [Elle] permettra de renommer et préciser les orientations » et « des outils seront rendus disponibles pour soutenir les milieux scolaires dans [sa] mise en œuvre », a indiqué par courriel le responsable des relations de presse au ministère, Bryan St-Louis.

Le conseil d’administration du CSSDM doit se pencher sur les recommandations de MDorion lors de sa prochaine séance, le 8 mai.

Sommes versées par le ministère de l’Éducation pour financer l’aide alimentaire en 2023-2024

  • 40,5 millions de dollars aux centres de services scolaires et commissions scolaires (pour des repas et collations)
  • 15 millions de dollars au Club des petits déjeuners
  • 5,4 millions de dollars à la Cantine pour tous (pour des dîners)
  • Total : 60,9 millions de dollars

Source : Ministère de l’Éducation