(Saint-Basile-le-Grand) Des engins incendiaires ont été placés sur le site de Northvolt, et les bureaux d’un de ses sous-traitants ont subi d’importants dégâts durant la fin de semaine, en Montérégie. Des actes de vandalisme qui n’ont pas été revendiqués dans l’immédiat.

L’histoire jusqu’ici

16 janvier 2024

Northvolt entreprend les travaux de préparation de son site, en prévision de la construction de sa giga-usine de batteries.

22 janvier 2024

Des barres d’acier et des clous sont insérés dans des centaines d’arbres pour empêcher leur coupe. Le sabotage est revendiqué par des opposants au mégaprojet.

26 février 2024

Nouvel acte de vandalisme : des tapis à clous sont enfouis dans la forêt afin de crever les pneus des véhicules qui circulent sur le site.

Été 2024

La multinationale suédoise prévoit commencer la construction durant l’été.

Deux objets incendiaires ont été découverts sous les pneus d’un ou de plusieurs engins de chantier, lundi matin, conduisant à l’interruption des travaux pour la journée sur le site chevauchant Saint-Basile-le-Grand et McMasterville où Northvolt a entrepris la construction d’une giga-usine de batteries.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Les deux objets, présentés initialement comme des « bombes artisanales » dans un communiqué de la multinationale, auraient été placés durant la fin de semaine.

Il s’agissait de bouteilles remplies d’un liquide inflammable « rattachées à des mécanismes assez rudimentaires de mise à feu qui, fort heureusement, Dieu merci, n’ont pas fonctionné », a déclaré le président-directeur général (PDG) de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti, lors d’un point de presse sur le site.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Le site de l’usine Northvolt, en Montérégie

Ces contenants n’avaient pas la capacité d’exploser, ont indiqué à La Presse des sources policières.

Northvolt a dénoncé « de la manière la plus ferme » cet acte de vandalisme « mettant sérieusement en danger » ses employés et ceux de ses sous-traitants, et qui ne représente ni le Québec, ni les Québécois, a déclaré M. Cerruti.

Sécurité déjouée… et renforcée

Le fait que le système de sécurité en place ait pu être déjoué par une ou plusieurs personnes n’étonne guère le PDG, qui souligne que le périmètre du site fait près de cinq kilomètres.

Écartant l’idée de mobiliser « un bataillon de personnes pour [en] surveiller chaque mètre carré », il en appelle plutôt au sens des responsabilités des opposants au projet.

La sécurité sera néanmoins rehaussée, a indiqué M. Cerruti, sans donner plus de détails pour ne « pas simplifier la vie de ces gens ».

Des agents de sécurité en véhicule et à pied étaient d’ailleurs bien visibles autour du site, lundi.

L’installation de ces engins explosifs n’est pas l’œuvre de la Rage climatique, une coalition de militants écologistes anticapitalistes, anticolonialistes et anti-impérialistes ayant organisé le blocage du site et des manifestations dans les derniers mois, a-t-elle affirmé à La Presse.

Un groupe anonyme ayant effectué des actions de sabotage n’a, quant à lui, pas rappelé La Presse.

« L’objectif des gens qui ont commis ces actes, c’est de faire peur. Or, c’est exactement l’effet opposé qu’ils ont obtenu », a déclaré Paulo Cerruti, se disant plus que jamais déterminé à réaliser ce projet, qui jouit d’un grand soutien.

On est et on sera toujours dans le dialogue, et on refusera le dialogue sous la menace de la violence.

Paolo Cerruti, président-directeur général de Northvolt Amérique du Nord

Cette tentative de vandalisme a été qualifiée d’inacceptable par le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, Pierre Fitzgibbon, et par le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, François-Philippe Champagne.

« Le débat toujours, la violence jamais », a déclaré M. Fitzgibbon sur le réseau social X.

« Les activités violentes et les tactiques d’intimidation n’ont aucune place dans notre société », a indiqué M. Champagne, sur la même plateforme.

La Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent effectuera des expertises sur les objets incendiaires pour essayer de retrouver les auteurs de cette tentative de vandalisme, a indiqué son porte-parole, le lieutenant Sébastien Desaulniers.

Entreprise locale vandalisée

Des vandales s’en sont aussi pris au Centre de valorisation du bois urbain, une entreprise d’économie locale à but non lucratif dont Northvolt a retenu les services pour procéder aux coupes d’arbres sur son terrain.

Les locaux de la petite entreprise, située à Saint-Bruno-de-Montarville, ont été aspergés de peinture brune, vendredi soir, probablement avec un fusil à eau, a indiqué son directeur général, Maxime Bourdeau.

PHOTO FOURNIE PAR LE CENTRE DE VALORISATION DU BOIS URBAIN

Les locaux du Centre de valorisation du bois urbain ont été aspergés de peinture brune, vendredi soir.

« Ils ont aspergé tout, absolument tout », à partir d’une vitre préalablement fracassée, a-t-il raconté, photos à l’appui : bureaux, chaises, ordinateurs, murs, plafonds, plancher, documents.

« On ne pourra pas juste peinturer par-dessus », s’est désolé M. Bourdeau, disant ignorer pour l’instant si les assurances de son entreprise couvrent les actes de vandalisme.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Maxime Bourdeau, directeur général du Centre de valorisation du bois urbain

On ne comprend pas le raisonnement de ces gens-là, de détruire les bureaux d’un organisme à but non lucratif en économie sociale, qui essaie de faire le bien. Je ne vois pas comment ça peut aider la cause de quelqu’un qui serait contre le projet.

Maxime Bourdeau, directeur général du Centre de valorisation du bois urbain

Le Centre de valorisation du bois urbain a pour mission de « transformer les arbres urbains en produits afin que les communautés les utilisent, en bénéficient », a-t-il rappelé sur les réseaux sociaux, soulignant que le bois coupé à la demande de Northvolt « aurait été simplement jeté, broyé, brûlé ou même vendu à l’étranger » s’il n’avait pas été mandaté pour le récupérer.

L’entreprise s’occupe désormais elle-même du volet abattage, puisque cette étape est déterminante pour les possibilités de valorisation par la suite, a expliqué M. Bourdeau.

Le Service de police de l’agglomération de Longueuil a ouvert une enquête.

Avec Daniel Renaud, La Presse

En savoir plus
  • 7,3 milliards
    Somme maximale que Québec et Ottawa se sont engagés à investir dans le projet de Northvolt
    SOURCES : GOUVERNEMENTS DU QUÉBEC ET DU CANADA
    100 hectares
    Superficie approximative de milieux naturels que Northvolt prévoit détruire pour construire son usine de cellules de batteries
    SOURCE : MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT, DE LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES, DE LA FAUNE ET DES PARCS