La saison de F1 aura ainsi été marquée par la victoire du Finlandais Kimi Raïkkonen qui a profité du duel perdant d'Alonso avec son jeune coéquipier Lewis Hamilton, le tout entaché de l'affaire d'espionnage ayant opposé Ferrari à McLaren, dont l'Espagnol a été un des acteurs.

La saison de F1 aura ainsi été marquée par la victoire du Finlandais Kimi Raïkkonen qui a profité du duel perdant d'Alonso avec son jeune coéquipier Lewis Hamilton, le tout entaché de l'affaire d'espionnage ayant opposé Ferrari à McLaren, dont l'Espagnol a été un des acteurs.

Jusque-là le parcours d'Alonso ne fut que précocité, monts et merveilles. Né il y a 26 ans à Oviedo (Asturies, nord de l'Espagne), il découvre très tôt les joies du circuit lorsque son père lui bricole un petit kart, alors qu'il n'a que deux ans, pour l'année suivante disputer sa première course.

Passé par l'Italie, terre de karts, dès l'adolescence, il en devient champion du monde en 1996. Cinq ans plus tard et les cases Formule Nissan et F3000 franchies, il dispute son premier Grand Prix de F1 au volant d'une Minardi.

En 2003, il s'octroie un premier record: celui du plus jeune vainqueur d'un Grand Prix, en Hongrie, à 22 ans et 27 jours seulement. C'est le début d'une «success story» avec Renault qui le conduira deux ans plus tard à battre un deuxième record, celui du plus jeune champion du monde des pilotes de l'histoire de ce sport, à 24 ans, 1 mois et 27 jours.

Le tournant McLaren

Le doublé réussi en 2006 le confirme dans son statut de nouveau roi de la F1, en poussant le «roi des rois», l'Allemand Michael Schumacher, à prendre sa retraite après l'avoir empêché de remporter un 8e titre de champion du monde.

À l'instar de «Schumi», lorsque celui-ci avait quitté en 1995 Benetton (ex-Renault) pour Ferrari, Alonso avait pris cette année le pari de quitter une équipe championne pour signer avec un team en reconquête, mais sans imaginer un tel déroulement.

L'Espagnol s'est d'abord heurté à l'éclosion spectaculaire de son jeune (22 ans) coéquipier britannique Lewis Hamilton qui, pour sa première saison en Formule 1, lui a imposé une forte opposition, et au final un duel des plus tendus.

Ainsi en Hongrie, lors des qualifications, le Britannique refusa une consigne d'équipe devant favoriser l'Espagnol, qui se fit ensuite justice en bloquant son coéquipier dans les stands. Pourtant réputé pour sa maîtrise au volant, Alonso a vu ses nerfs craquer, avec pour conséquence d'avoir été sanctionné de cinq places sur la grille, McLaren ayant été du même coup privée de ses points constructeurs de Budapest.

La rivalité a même souvent dépassé la limite du paddock, joutes verbales à l'appui, via des médias qui n'avaient plus goûté de telles saveurs depuis l'époque Prost-Senna.

Une saison 2007 en queue de poisson

Et pour la première fois depuis qu'il lutte pour un titre mondial, Alonso n'a pu forcer son destin, même si, ironie de l'histoire, ce n'est pas non plus Hamilton qui eut le dernier mot, les deux favoris étant coiffés sur le poteau par Kimi Raïkkonen (Ferrari), pourtant troisième au classement des pilotes avant sa victoire décisive lors de l'ultime épreuve au Brésil.

Outre sa troisième place finale chez les pilotes, Alonso a ensuite attribué la perte du titre constructeur aux erreurs commises par son manageur Ron Dennis. Mais le divorce entre les deux hommes était déjà consommé lorsqu'en plein coeur de l'affaire d'espionnage entre McLaren et Ferrari, l'Espagnol déposa devant la Fédération internationale de l'automobile (FIA) un témoignage accablant, à charge contre son écurie.

Ayant reconnu avoir pris connaissance de données techniques confidentielles des Ferrari, ce dont la FIA a eu la preuve par l'existence d'e-mails, Alonso n'a pas été sanctionné, contrairement à McLaren qui a perdu tous ses points au Championnat du monde des constructeurs et écopé d'une forte amende de 100 millions de dollars, depuis réduite à 50.

Ce scénario improbable, à multiples rebondissements, a évidemment contribué à l'épilogue de la courte histoire entre McLaren et Alonso, dont on attend désormais de savoir, à la croisée des chemins, quel virage prendra sa carrière, à seulement 26 ans, et surtout dans quelle écurie.

Chronologie d'une rupture annoncée

. 15 décembre 2006: premiers tours de roues de Fernando Alonso dans sa nouvelle McLaren-Mercedes. Après avoir annoncé au cours de la saison 2006 qu'il quitterait l'écurie Renault, avec qui il a remporté deux titres de champion du monde des pilotes, l'Espagnol a quitté l'équipe française en très bons termes et découvre sa nouvelle monture.

. 8 avril 2007: première victoire d'Alonso avec McLaren. Après avoir pris la deuxième place de la course d'ouverture en Australie, le pilote d'Oviedo remporte la deuxième épreuve de la saison, le Grand Prix de Malaisie à Sepang. «Gagner aujourd'hui après avoir terminé deuxième en Australie avec ma nouvelle écurie, c'est comme un rêve devenu réalité», se réjouit-il alors. Trois autres succès suivront, à Monaco le 27 mai, au Nurburgring le 22 juillet et à Monza le 9 septembre.

. 10 juin 2007: première victoire du coéquipier d'Alonso, le Britannique Lewis Hamilton, qui s'impose au Canada, et premiers signes de tension. Deux jours après un Grand Prix du Canada un peu fou, l'Espagnol fait part de son mal-être: «Depuis le début, je ne suis pas du tout à l'aise. Je suis avec un coéquipier anglais qui marche très bien, dans une équipe anglaise, et nous savons que tout l'appui de l'équipe et toutes les aides sont pour lui», affirme-t-il après sa décevante 7e place à Montréal. Le lendemain, le manageur de l'écurie, Ron Dennis, insiste: ses deux pilotes sont traités équitablement. Hamilton, lui, se dit «surpris» des propos d'Alonso.

. 4 juillet 2007: entre les Grands Prix de France et de Grande-Bretagne, la Fédération internationale de l'automobile (FIA) ouvre une enquête après la révélation d'une affaire d'espionnage entre McLaren et Ferrari.

. 4 août 2007: Alonso «bouchonne» Hamilton durant les qualifications du Grand Prix de Hongrie. Le Britannique refuse une consigne d'équipe devant favoriser l'Espagnol, qui se fait ensuite justice en bloquant son coéquipier dans les stands, l'empêchant ainsi de boucler un ultime tour rapide. Se considérant dans son bon droit, Alonso est pourtant pénalisé de cinq places sur la grille et McLaren se voit privée de ses points constructeurs de Budapest. Ron Dennis montre ostensiblement son désaccord, les deux pilotes sont définitivement brouillés et la tension interne chez McLaren augmente d'un cran. Après le Grand Prix, Alonso affirme clairement à la presse espagnole qu'il «ne sait pas» s'il restera chez McLaren en fin de saison.

. 7 septembre 2007: en marge du Grand Prix d'Italie à Monza, le président de la FIA, Max Mosley, annonce que de «nouveaux éléments» concernant l'affaire d'espionnage opposant Ferrari à McLaren proviennent de pilotes de cette dernière. Fernando Alonso et le pilote de réserve espagnol Pedro de la Rosa sont visés.

. 13 septembre 2007: en appel, le Conseil mondial de la FIÀ retire à McLaren-Mercedes tous les points constructeur acquis cette saison et lui inflige une amende record de 100 millions de dollars (70 millions d'euros environ). Alonso n'est pas pour rien dans cette sanction: dans un témoignage accablant, à charge contre son écurie, il a reconnu avoir pris connaissance de données techniques confidentielles des Ferrari, ce dont la FIÀ a eu la preuve par l'existence d'e-mails. Cependant, malgré ces révélations, Alonso évite toute pénalité, contrairement à son écurie, lourdement sanctionnée.

. 21 octobre 2007: Alonso prend la troisième place du Grand Prix du Brésil, dernière épreuve de la saison, mais perd sa couronne mondiale: au classement des pilotes il termine troisième, derrière le Finlandais Kimi R„ikkonen (Ferrari) et son coéquipier Hamilton.

. 2 novembre 2007: l'Espagnol annonce son départ de l'écurie McLaren, «d'un commun accord». Il n'a rien dit de sa prochaine destination. Renault rêverait de le récupérer mais ne semble pas être sa priorité. Alonso, 26 ans, pourrait piloter la saison prochaine dans une écurie moins prestigieuse (Red Bull ?) avant de rebondir chez Ferrari.