La Maison du développement durable (MDD), conçue et construite selon des critères des plus ambitieux, au centre-ville de Montréal, ne présente pas la performance énergétique exemplaire escomptée.

C'est ce qu'a révélé sans détour Équiterre, qui s'est astreint à analyser le rendement des différentes composantes énergétiques du bâtiment, le premier à avoir obtenu la certification LEED platine Nouvelle Construction (NC) au Québec.

Il est vrai qu'entre septembre 2012 et janvier 2018, des économies d'énergie considérables atteignant 517 890 $ ont été réalisées grâce aux différentes stratégies privilégiées (géothermie, planchers surélevés pressurisés, mur végétal, récupération d'énergie, éclairage efficace, enveloppe performante, gestion automatisée, etc.).

«Mais la Maison du développement durable consomme 2,32 fois plus que ce que prédisait la simulation énergétique», a révélé Normand Roy, chargé de projet en bâtiment durable chez Équiterre, qui fait partie de l'aventure depuis le début et voulait rendre publiques les données colligées pour faire avancer la réflexion sur la performance énergétique des immeubles.

«Sur la base de sa consommation réelle, nous estimons que la MDD ne coûte que 17 % moins cher en énergie que le bâtiment référence, alors que la simulation réalisée pour l'obtention des crédits LEED prédisait une économie financière de 64 %», révèle le Bilan de la consommation énergétique de la Maison du développement durable.

Autre constatation: l'immeuble se compare désavantageusement face à un groupe de bâtiments reconnus comme très performants.

Conclusion? «La performance énergétique n'est pas un projet clés en main, constate Normand Roy. Il faut faire des efforts constants pour l'optimiser et la maintenir.»

Avec le concours de l'entreprise Ecosystem, son équipe et lui se sont fixé comme objectif de réduire de 35 % la facture énergétique au cours des prochains mois. «On va prendre les choses en main et on s'en reparlera dans un an, quand on présentera notre nouveau bilan», a-t-il assuré.

La même réflexion s'applique chez soi, poursuit-il. «Il faut s'y mettre si on veut faire des gains, dit-il. Ce n'est pas une question de technologie. C'est davantage un état d'esprit. Et c'est surprenant comment cela peut être facile.»

Il est recommandé, par exemple, d'ouvrir les fenêtres cinq minutes chaque jour pendant l'hiver pour faire sortir l'humidité, souligne-t-il. Car c'est plus facile de chauffer de l'air sec que de l'air humide.

«Il faut que les gens réalisent qu'ils ont un impact, précise-t-il. Hydro-Québec est assez bonne pour nous guider. Choisir par ailleurs des électroménagers avec une meilleure cote de rendement Energy Star ne coûte pas plus cher. C'est super facile de faire de bons choix.»

Les siens, au cours de la prochaine année, seront sans doute plus compliqués. C'est à suivre!

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Plusieurs changements sont à prévoir dans la Maison du développement durable au cours des prochains mois pour la rendre plus performante.