Un luxe, la rénovation écologique? Pas exactement, il y en a pour tous les budgets, répondent les adeptes. L'option écolo demande surtout de pratiquer les fameux 3R: réduire, réutiliser, recycler. Dans cette série, La Presse passe en revue quatre pièces de la maison, avec pour chacune un tour d'horizon des possibles. Cette semaine: la toiture.

Si on veut réduire la consommation de pétrole et d'énergie, on ne choisira pas le bardeau d'asphalte (toit en pente) ou le traditionnel papier goudronné multicouche (toit plat), matériaux qui, en plus, dégagent des émanations toxiques. « Ils sont à bannir absolument, affirme Normand Roy, d'Équiterre, même s'ils sont encore les moins dispendieux. Pour un peu plus cher, on aura une membrane plus durable et procurant une meilleure étanchéité. »

Les membranes EDPM, TPO et élastomère, également issues du pétrole, ce qui n'est pas un bon point écologique, ont néanmoins le mérite d'être offertes dans des couleurs claires qui combattent les îlots de chaleur urbains.

D'autres matériaux, comme l'acier (très durable et totalement recyclable), le bardeau de bois et le composite (grand contenu recyclé) ont des atouts écologiques certains.

Dans une catégorie tout à fait à part: le toit végétal. Chouchou des écologistes et des architectes, c'est un champion de la climatisation naturelle. Il a aussi pour mérite de retenir les eaux de pluie, si le terreau est assez épais, ce qui désengorge les égouts et l'usine de traitement des eaux. Les exigences du toit végétal: une structure de toit robuste et une étanchéité à toute épreuve.

Toits verts 

Intéressés par les qualités du toit vert, des propriétaires décident, pour justifier la dépense, de doter l'endroit d'autres attraits qui en feront un espace à vivre. « De plus en plus, les gens aménagent un édicule sur le toit, auquel on accède par un escalier intérieur, observe l'architecte Owen Rose (Rose architecture), qui conçoit des toits verts depuis 10 ans. L'ajout vitré - chambre, bureau, séjour - apporte de la lumière. Une fenêtre ouverte, là-haut, crée une cheminée de ventilation naturelle, en été. On prévient l'excès de chaleur avec des auvents et une bonne isolation. »

Atelier et potager

Cette tendance a séduit les architectes Lisa-Marie Fortin et Louis Thellend (Thellend Fortin architectes), également des amoureux dans la vie. Ils ont ajouté, l'hiver dernier, une mezzanine sur le toit, pour y loger leur atelier. Ils l'ont disposée entre le potager et la terrasse, que l'on contemple par les vastes fenêtres, sur fond de Plateau Mont-Royal. « On s'est rapproché de la lumière, explique Lisa-Marie Fortin. C'est un lieu propice à la création. En plus du bonheur quotidien d'y travailler, cela augmente la valeur de la maison. » Levant les yeux de sa table à croquis, Lisa-Marie Fortin voit l'évolution de l'érable japonais ou du petit magnolia. Un écureuil mord dans les tomates. Le figuier en pot agite doucement sa ramure.

Réalisé par l'équipe de La ligne verte, le jardin a des zones de 10 po de terre au-dessus des poutres et des zones de 6 po aux endroits où la structure est moins forte. « Il faut compter de 20 à 25 $ du pied carré, dit Patrice Godin, de cette entreprise, prix qui comprend un an de suivi et d'entretien. » Le toit des Fortin-Thellend n'a pas dû être renforcé, car il a été conçu, lors d'une rénovation majeure en 2008, pour supporter un couvert végétal.

Terrasse et murs verts 

Alexandre Joly habite un triplex sur le Plateau, avec sa mère, Lise Lamothe, elle au troisième et lui au premier. Environnementaliste fervent, le directeur général adjoint d'Accès fleuve Zip Ville-Marie avait toujours rêvé d'un toit vert. « Mais les coûts nous ont fait déchanter, relate-t-il. Il aurait fallu asseoir de nouvelles poutres sur les murs mitoyens. La maison date de 1913. »

Le compromis: renforcer seulement la poutre du milieu, pour supporter une grande terrasse. Le responsable du verdissement, Envirozone, l'a dotée de deux murs verts, d'une petite pergola et de gros bacs.

Lise Lamothe y monte régulièrement pour travailler à l'ombre de la vigne vierge. Son fils y va davantage le soir, attiré par l'air frais.

Alexandre Joly aurait aimé profiter de la réfection du toit pour diriger l'eau de pluie sur le terrain de la cour arrière. Mais un détournement du conduit aurait nui à la colonne de ventilation de la maison.

Potager et spa 

Élise Boyer et Étienne Richer, dans le quartier Villeray, ont installé une baignoire à remous sur leur toit. Presque tous les soirs, quand les enfants sont couchés, le couple se baigne, tout près des tomates cerises, aubergines, zucchinis, melons, gadelliers...

« Il nous fallait un intérêt là-haut, en plus du potager, raconte Élise Boyer. Sans quoi, les arguments attachés aux toits verts, comme une climatisation naturelle, n'auraient pas suffi à justifier l'investissement. »

Les garde-corps, l'escalier, la terrasse en cèdre et l'installation du spa ont été réalisés par l'entrepreneur Guy Mailloux, et le potager (membrane, terreau, système de drainage, plants), par La ligne verte.

Subvention

Les toits verts sont admissibles au programme Eco-Renov, ouvert jusqu'au 31 octobre inclusivement. L'aide financière se chiffre à 20 % de la facture.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Un spa est installé sur le toit de ce bâtiment de Villeray, tout juste à côté d'un potager.