«J'ai toujours rêvé d'avoir un plan d'eau dans notre petite cour de ville, dit Sylvain Béland, qui possède, avec sa compagne Lynda Chabot, un triplex dans le quartier Rosemont. Un endroit où se rafraîchir en revenant de travailler.»

Mais Sylvain Béland ne voulait pas d'une piscine qui «aurait pris toute la place, en plus d'être chère et dangereuse!» Ni d'un spa ordinaire, trop carré, trop volumineux. L'idée d'une baignoire à remous faite main, intégrée à l'aménagement paysager, lui est venue d'un ami d'enfance qui l'a réalisée à la campagne.

Le concept? On utilise des planches pour patio en plastique recyclé, planches finement perforées en usine pour laisser s'écouler l'eau de pluie. Sauf que c'est de l'air qu'on souffle par les petits trous. Les bancs du spa, fabriqués de ce matériau, émettent de joyeux bouillons de bulles, par le truchement d'un moteur d'aspirateur et de quelques tuyaux. La mécanique est dissimulée dans le garage adjacent, aux murs couverts de verdure: un moteur à bulles, un chauffe-eau industriel de 450 litres, acheté de seconde main, un filtreur à piscine et un contrôle électronique de température, à 0,1 degré près. «C'est mon domaine, l'électrotechnique», dit ce technicien en instrumentation et contrôle.

Charme et silence

Sur le plan esthétique, le charme du bassin tient à la disposition de grosses roches de campagne, qui calent bien les bancs, délimitent le bassin et profilent la petite chute.

Les Chabot-Béland peuvent maintenant se baigner dehors à longueur d'année, bien qu'ils préfèrent fermer le bassin pour l'hiver. Mais en été...

«On est quasiment contents, maintenant, quand il fait 35°C, confient-ils. La dynamique de la cour a changé du tout au tout. On observe les oiseaux - un cardinal, des mésanges, des siserains, des roselins... - et même un écureuil qui aurait peut-être envie de se baigner lui aussi. On a beau être en ville, on se sent proche de la nature.»

Le soir, avec les luminaires, l'ambiance est très paisible, comme un retour aux sources. «C'est encore mieux quand on interrompt le moteur à bulles et qu'on réduit le débit de la cascade, dit Lynda. Le bruit de la ville s'évanouit. En renversant la tête, on voit quelques étoiles.»

«Je lis beaucoup dans le spa, rapporte Sylvain. C'est le fun au début d'avoir des bulles, puis on a envie de silence. Juste le bruit de la petite chute et la lumière tamisée. Je m'y endors souvent.» Lynda, qui n'est pas baigneuse, avoue s'y être déjà endormie elle aussi, «tellement c'était calme et confortable».

Dans le temps des Fêtes, avec la visite, on s'immerge dans l'eau chaude et fumante, la tête dans la neige. Le spa peut contenir facilement huit personnes.

Excavation manuelle

M.  Béland a d'abord construit la clôture de bois qui isole le terrain du voisin. Il s'est informé pour savoir jusqu'où il pouvait creuser sans nuire au cèdre. Puis, il s'est mis à faire de l'excavation... à la main! Dans du roc. Seul, la plupart du temps. Avec une masse, un pic, une barre à mine! «À mon rythme», précise-t-il modestement. Certaines roches ont été mises de côté pour leurs qualités esthétiques ou pratiques. Un voisin en a pris d'autres pour réaliser un petit bassin d'eau. Le reste allait dans une petite remorque, à destination de l'écocentre.

Après deux mois, le trou était fait. «J'ai laissé passer un hiver, pour être certain qu'il ne s'effondrerait pas, explique-t-il. Au printemps, rien n'avait bougé.» Motivés plus que jamais, les Chabot-Bédard ont terminé leur spa pour la Saint-Jean-Baptiste 2008: panneaux de béton tapissant le trou, polystyrène rose (deux pouces d'épaisseur), toile de jute, toile de plastique pour étangs, seconde couche de jute et, enfin, une feuille de plastique recyclé de quatre sur huit pour faire un beau fond bleu. Le bassin est doté de six luminaires de 20 watts, deux sorties d'eau, deux entrées d'eau et six tuyaux d'amenée d'air.

«Le grand défi, relate Lynda Chabot, a été de placer les roches. Nous les avions toutes étalées dans la cour. À certains endroits, on s'y est repris à 10 fois!»

Ces grosses pierres proviennent d'une pépinière de campagne et certaines, des berges d'une rivière. «Celle au sommet de la cascade avait exactement la même position dans la rivière», explique Sylvain.

«C'est intime, reprend Lynda. Nos amis de la banlieue, qui se demandent comment on peut vivre en ville, comprennent lorsqu'ils s'assoient dans la sérénité de notre cour. Et notre ami de Sainte-Mélanie, dont le beau spa est plus grand et plus ouvert aux regards, apprécie l'intimité du nôtre, en plus d'être dehors à 9h du soir sans se faire bouffer par les maringouins!»

«Si c'était à refaire, dit Sylvain, j'ajouterais au moins deux jets d'eau avec des pompes de surpression, comme dans les spas professionnels. Pour l'effet thérapeutique.»

Une idée qui pourrait se répandre? Absolument! pense le couple. «Mais c'est artisanal. Il faut y mettre le temps.»