Une maison à l'architecture ultracontemporaine et en forme d'arbre? Intégrée à la forêt et à la fine pointe de la technologie, avec des techniques de construction optimales et des matériaux nobles? Voilà qui résume le rêve, peaufiné pendant dix ans, de deux esthètes avertis, Pauline Tremblay, ayant fait carrière dans le monde des arts visuels, et Pierre Léveillé, dans celui de la promotion et de la conception immobilières, après avoir été éditeur. Leur idéal: marier le plus étroitement possible architecture et nature. Sa réalisation est enracinée à flanc de montagne, à 180 pieds (54 mètres) d'altitude au-dessus du Grand Lac Brompton.

«Mon mari a deux obsessions: la perfection et la durabilité!», lance Pauline. Il était fait pour s'entendre avec l'architecte Pierre Cabana, qui affirme «construire pour la postérité», ayant déjà restauré 18 églises au cours de sa carrière. «Le concept original et audacieux pouvait faire peur, souligne M. Cabana, mais je me suis dit: pourquoi ne pas réaliser leur utopie, top notch?»

Une base très solide

La demeure se nomme la «maison dans les arbres»: son rez-de-chaussée, bardé de bois, représente un tronc, alors que l'étage, plus ample, évoque les feuilles, avec ses carreaux de cuivre que les années feront doucement verdir. La surface de l'étage - 63 pieds sur 42 - dépasse celle du rez-de-chaussée, en porte-à-faux de 7,5 pieds sur toute la périphérie, plus 12 pieds de balcon sur la façade sud-est, donnant sur le lac. Outre les espaces de vie, l'étage comprend quatre chambres à coucher et trois salles de bains complètes.

Le niveau au sol, contenant l'entrée, l'escalier, une salle d'eau et deux garages, doit constituer un bloc assez fort pour porter l'étage, dont la dalle de béton armé pèse à elle seule 200 tonnes. En conséquence, les murs du rez-de-chaussée, en béton de 14 pouces d'épaisseur, contiennent deux quadrillages de tiges d'acier (disposées aux 12 pouces, horizontalement et verticalement). Du cèdre espagnol (acajou amer) revêt l'extérieur et lambrisse l'entrée.

Dans le même élan d'ingénierie, huit bouquets de tiges d'acier d'armature s'élancent du roc vers le toit, traversant les murs du rez-de-chaussée et émergeant à l'étage dans huit colonnes de béton, dont la finition «patine vénitienne» a demandé une dizaine de couches. Ces piliers soutiennent quatre poutres de sapin de l'Ouest portant le plafond et le toit (deux piliers par poutre). Les colonnes assurent le contreventement (pas besoin de traverses en X) et éliminent le besoin de murs porteurs à l'étage.

Le test de l'équerre

L'ossature des murs en porte-à-faux est double, en montants de métal. Une mise à niveau indépendante soutient le contreplaqué. «Les murs sont précis au 1/16 de pouce, affirme l'architecte Cabana. Si on place une équerre dans les coins, on constate qu'ils forment un angle de 90 degrés parfait.»

Pour soutenir la terrasse revêtue d'ipé, huit poutres d'acier de 40 pieds laissent dépasser 8 pieds de la dalle. Cet immense balcon de 760 pieds carrés repose sur une charpente d'acier peint à l'électrolyse.

À la fois maître d'oeuvre et propriétaire, M. Léveillé confie que sa résidence a été beaucoup plus exigeante à construire qu'une maison traditionnelle. «Ce style ne pardonne pas les défauts, explique-t-il. Il a fallu une grande précision d'exécution sur le chantier.

«Les artisans et les ouvriers ont été triés sur le volet, renchérit l'architecte. Le souci du détail m'a demandé trois fois plus de plans qu'à l'ordinaire.»