«C'était une cave malsaine», relate Samuel Provencher, copropriétaire depuis trois ans, avec sa compagne Viviane Mareghi, de la moitié d'un triplex situé à la limite est du Plateau. Peuplé d'araignées, de squelettes et de moisissures, avec même, pour l'ambiance, un alambic du temps de la prohibition croulant sous la poussière!

«C'était une cave malsaine», relate Samuel Provencher, copropriétaire depuis trois ans, avec sa compagne Viviane Mareghi, de la moitié d'un triplex situé à la limite est du Plateau. Peuplé d'araignées, de squelettes et de moisissures, avec même, pour l'ambiance, un alambic du temps de la prohibition croulant sous la poussière!

Un vide sanitaire, quoi, comme on nomme sans rire ces chiches espaces sous la maison. L'âge venant - le triplex date de 1921 -, ils n'ont plus de sanitaires que le nom. D'autant plus que celui-ci occupe un ancien lieu d'enfouissement!

«Ne touchez pas à la cave!» avait conseillé d'emblée Emmanuel Blain-Cosgrove, directeur d'Écohabitation et consultant en rénovation écologique. Deux ans plus tard, le couple Provencher-Mareghi regarde la télé ou travaille dans un confortable sous-sol de neuf pieds (huit pieds sous les solives), heureux de tout cet espace ajouté. «Une réussite», a convenu M. Cosgrove, convaincu au point de se lancer dans la même aventure chez lui.

Viviane et Samuel ont commencé à creuser en mai 2006, pour occuper la cave en mai 2008. Le couple habitait la maison depuis août 2005.

Le noir défilé

La cave a d'abord été creusée et son incroyable contenu évacué par un convoyeur, via un trou creusé dans les fondations d'origine, trou maintenant devenu fenêtre. Ce fut le temps du noir défilé, un brin «halloweenesque»: carcasses de chevaux, plaques de goudron, lamelles de métal, fers à cheval à foison, sans oublier les innombrables flacons de boissons et d'antidouleurs. L'histoire locale nous apprend qu'immédiatement à l'est, entre les rues d'Iberville et Frontenac à hauteur du boulevard Mont-Royal, se trouvait l'abattoir de la Ville de Montréal, pas très loin des ateliers Angus et de l'hippodrome.

Les nouveaux murs, plus profonds, ont été coulés à l'intérieur des anciens, avec l'approbation d'un ingénieur en structure. Les arc-boutants supportant le coffrage occupaient toute la surface du sol. «Il fallait être souple comme un singe pour se déplacer dans cet espace, relate Samuel. Nous avons eu l'aide d'un "pro" de 75 ans. Il avait travaillé dans la rénovation pour la Ville de Montréal, notamment pour le métro. Il arrivait à 7h du matin avec son bois, qu'il a ensuite totalement récupéré.»

Confort et conscience verte

La mousse d'uréthane giclée sur les murs a vaincu le froid et l'humidité. Le plancher de la cave est constitué d'un lit de petites roches, surmonté d'un isolant de polystyrène, puis d'un papier réfléchissant et enfin d'une couche de béton abritant un treillis métallique portant la tubulure du chauffage radiant à eau chaude.

Un béton peu ordinaire, attention! La classique poudre de ciment Portland - dont chaque tonne a généré une tonne de gaz à effet de serre - a été remplacée ici par un mélange éprouvé de fumée de silice (récoltée par filtre à la sortie des cheminées industrielles), de cendres volantes (idem) et de résidus d'aluminerie.

Le béton a été lissé à la polisseuse puis traité avec un acide naturel pour un fini marbré et, enfin, ciré.

«Le plancher chauffant, estime Samuel, est un parfait compromis entre l'homme, qui a toujours chaud, et la femme, qui a souvent froid. Il permet de garder plus fraîche la température de l'air, ce qui est confortable et économique.» «L'hiver dernier, on a tout de suite senti la différence», renchérit Viviane.

 

Photo Rémi Lemée, La Presse

Espace de travail confortable au sous-sol. Un peu de finition et d'insonorisation fera oublier la présence des tuyaux.