Les peintures extérieures et intérieures sont de plus en plus vertes. Les fameux COV (composés organiques volatils) qu'elles contenaient jadis en grande quantité et qui s'échappaient dans l'atmosphère disparaissent progressivement. Certains produits n'en émettent même plus du tout. Et les consommateurs sont plus exigeants.

Les clients sont de plus en plus sensibles à la teneur en COV des peintures, constate Guylaine Fortin, responsable du département de la peinture au magasin Rona du Quartier Dix30. «Les peintures qui indiquent «sans COV» sur leurs logos sont plus faciles à vendre, précise-t-elle. C'est le cas de la peinture haut de gamme de marque Rona Collection, confectionnée par Akzo Nobel (Sico), dont les ventes augmentent depuis deux ans.»

Les architectes et les designers qui réalisent des projets avec une certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) s'intéressent beaucoup aux peintures qui vont au-delà des normes, note Dominique Pépin, directrice du marketing de la marque Sico, chez Akzo Nobel.

Depuis septembre dernier, peintures, teintures et vernis doivent respecter le nouveau règlement d'Environnement Canada. Plusieurs manufacturiers vont plus loin, en offrant des produits plus respectueux de l'environnement. Pour s'y retrouver, il importe de lire attentivement les étiquettes. Les produits qui se limitent à respecter les normes canadiennes sont souvent identifiés comme tels. La concentration de COV permise pour une peinture au fini mat, par exemple, est de moins de 100 grammes par litre et de moins de 150 grammes par litre pour les finis non mats.

Or plusieurs manufacturiers offrent des peintures sans aucun COV et avec un très bas niveau de COV après la coloration. C'est le cas de certaines gammes des marques Benjamin Moore et Sico. Depuis le début de l'année, Société Laurentide utilise quant à elle des colorants sans COV dans toutes ses gammes de produits. Toutes les couleurs, même les plus foncées, sont exemptes de COV. En mariant ces colorants avec l'une des trois marques de Peinture Laurentide affichant zéro COV, la peinture n'émet aucun COV.

En voulant être plus respectueux de l'environnement, plusieurs fabricants de peinture ont atteint un autre objectif: fabriquer des produits de meilleure qualité.

«Depuis quelques années, la technologie a beaucoup évolué, indique Josée-Ann Cloutier, responsable des relations publiques chez Benjamin Moore. Nous avons commencé par vouloir nous conformer aux normes environnementales de la Californie, qui sont très élevées. Puis, tant qu'à y être, nous avons décidé de mettre au point la meilleure peinture que nous ayons jamais faite: une peinture sans odeur qui peut s'appliquer directement sur du gypse neuf sans couche d'apprêt, s'étend bien et sèche rapidement.»

Société Laurentide, en incorporant des colorants sans COV, a aussi bonifié la performance de ses peintures. «Le temps de séchage, la rétention des couleurs et la résistance au lavage ont été améliorés, indique André Buisson, président et chef de l'exploitation de l'entreprise.

Évidemment, la qualité et l'absence (ou presque) de COV ont un prix, qui s'échelonne entre 36$ et 38$ pour un gallon (Rona Collection), jusqu'à environ 45$ à 69$ (diverses collections chez Benjamin Moore, dont la plus chère, Aura).

Peinture récupérée

Le geste le plus écologique, toutefois, demeure d'acheter de la peinture récupérée et remise en état, fait remarquer Emmanuel Cosgrove, directeur d'Écohabitation. «Si on veut diminuer son empreinte sur la planète, il est préférable de se procurer de la peinture revalorisée comme Boomerang, qui est retravaillée et d'une qualité constante. En plus, elle est bon marché.»

La peinture Boomerang et la peinture Rona Éco sont réalisées par Laurentide re-sources, une filiale de Société Laurentide. «On ne peut plus enterrer nos déchets, il faut maximiser nos ressources, estime M. Buisson. Au début, tout le monde pensait que c'était une bonne idée, mais personne n'en achetait. Depuis 2003, les ventes augmentent de 20 à 25% par année. La peinture postconsommation représente maintenant 3% du marché.»

Au Canada, dans les magasins Rona, la vente de peinture Rona Eco a explosé l'an dernier, augmentant de plus de 300%. «Plusieurs clients recherchent de la peinture recyclée», révèle Guylaine Fortin. Le coût, environ 13$ le gallon, n'est pas leur première préoccupation.

Ceux qui paient le gros prix pour se procurer de la peinture haut de gamme sans émission de COV sont-ils tombés sur la tête? Pas nécessairement, estime Emmanuel Cosgrove. «Si on a seulement une pièce à peindre et qu'on veut absolument une couleur, on peut se payer la traite, dit-il. On peut y gagner en appliquant moins de peinture, qui sèchera plus rapidement, ce qui représente une économie de temps ou d'argent, si on a engagé quelqu'un.»