Le toit de votre maison et son ossature, l'hiver, sont malmenés par la neige et le vent, voire par la neige alourdie de pluie. Ils peuvent l'être aussi par l'action lente d'une chaleur abondante qui s'échapperait de l'intérieur ou par l'humidité captive d'un entretoit hermétique. Avant que les gels ne débutent, regardez-les de près, recommandent, de concert, Mario Villeneuve et Philippe Saint-Pierre du CAA-Habitation. Le premier est conseiller en bâtiment, le second, en communication.

Des bardeaux d'asphalte peuvent être cornés ou retroussés. Remplacez-les. Sinon, des vents violents les retourneront davantage pour laisser libre passage aux eaux de fonte dans l'entretoit, là en tout cas où il n'y aurait pas de bande imperméable sous-jacente. Profitez-en pour augmenter le clouage. Remplacez, du coup, ceux qui ont perdu, ne serait-ce qu'en partie, leurs granules de céramique.

Glaçons

Si, chaque année, de gros glaçons descendent jusqu'à mi-distance des murs extérieurs, jumelés, en surplomb, à des ourlets (barrages) de glace, croyez à une perte importante de chaleur par le toit.

Une partie de la chaleur de la maison - avec la vapeur d'eau qu'elle contient - monte, franchit le plafond mal isolé et atteint l'entretoit. Elle continue son ascension, arrive au tablier du toit qui se réchauffe et fait fondre le dessous du couvert de neige. L'eau s'écoule jusqu'au débord du toit, partie qui est d'ordinaire froide. Là, l'eau gèle et crée progressivement un barrage à partir duquel se forment des glaçons.

«L'eau retenue par le barrage peut revenir sur ses pas par capillarité», appréhendent MM. Villeneuve et Saint-Pierre. Alors, elle s'insinue sous les bardeaux pour éventuellement s'égoutter dans l'entretoit.

Transpiration

En revanche, un entretoit sans ventilation suffisante peut mettre en péril toute la toiture. D'abord, les têtes de clou rouillent, puis des cernes se forment contre la structure et la laine devient moite. Si on ne fait rien, avec les années, les fermes gauchissent, le tablier de la toiture fléchit ou bombe.

Pour éviter tout cela, il faut que de l'air frais entre par des grilles pratiquées sous le débord. Il se réchauffe légèrement, monte et est ensuite chassé dehors, avec son humidité, par les aérateurs de toit.

Si, lors d'un examen visuel - y compris de loin, avec des jumelles - vous constatez une déformation de votre toiture, joignez vite un conseiller en bâtiment pour un bon diagnostic et la bonne prescription. À moins que ce ne soit un couvreur consciencieux.

D'un autre côté, si, après avoir passé la tête dans l'entretoit, vous découvrez ne serait-ce que quelques têtes de clou rouillées, croyez à un manque de ventilation. Assurez-vous que toutes les grilles sont dégagées. Certaines peuvent avoir été couvertes de laine, par mégarde ou parce qu'on a cru bien faire.

«Voyez, par ailleurs, si les aérateurs de toit sont bien fixés. Si l'un d'eux était arraché par le vent, l'entretoit serait à découvert aussi bien que l'espace entre les bardeaux et le tablier du toit, à partir de leur tranche», concluent les deux porte-parole du CAA-Habitation.

Solins

Les solins sont des tôles pliées qui ont pour but d'éloigner l'eau de certains ouvrages, tels une cheminée. Possible que leurs joints soient rompus. Réparez, recommandait le conseiller technique de l'APCHQ, Guy Simard. Car ce sont des points névralgiques d'infiltration d'eau.

Enfin, Steve Caron, président de Benoît Tremblay, Ferblantier-Couvreur de L'Ange-Gardien, disait, à l'occasion d'une entrevue qu'il accordait au Soleil il y a quelque temps, qu'un toit qui coule ou «magané», même localement, est à une maison ce qu'un moteur qui perd son huile petit à petit est à une automobile. Dans les deux cas, il faut se dépêcher de faire arranger ça.

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