Pour la plupart des gens, l'été est synonyme de vacances. Mais certains profitent de la belle saison pour... rénover! C'est le cas de Louis Béliveau et d'Émilie Schoofs, un jeune couple de designers montréalais qui, les soirs, les week-ends et pendant les vacances de la construction, s'active à remettre à neuf son appartement, dans Parc-Extension Ils nous racontent leur projet.

Louis Béliveau et Émilie Schoofs n'en sont pas à leur premier chantier.

Parents de la petite Nina, 2 ans, ces deux trentenaires connaissent bien le milieu de l'aménagement et de la rénovation architecturale. Louis Béliveau est designer et cofondateur de La Firme, un studio spécialisé dans la conception et la construction résidentielle et commerciale. Émilie Schoofs est designer à L'atelier ¾ fort, une entreprise qui, elle aussi, conçoit et réalise des projets de rénovation contemporaine et de mobilier intégré.

Mais voilà, aujourd'hui, les deux designers de 34 ans travaillent sur «leur» projet: la rénovation de leur appartement, qui loge au rez-de-chaussée d'un ancien duplex, acquis l'hiver dernier. Pour ce qui est de l'appartement à l'étage, il sera loué et remis au goût du jour.

«La naissance de Nina a accéléré nos recherches d'un duplex à rénover avec une cour. On est rendus là!», confie Louis.

Où acheter

Le couple, qui habite toujours dans son logement du Plateau, a opté pour un petit duplex, situé dans Parc-Extension, à Montréal.

«On aurait aimé acheter un ancien duplex pour le rénover dans le Mile-Ex ou Villeray, mais ce sont des quartiers maintenant inabordables pour le type de projet qu'on désirait réaliser, souligne Émilie. Nous avons donc cherché du côté de Parc-Ex, moins cher et éventuellement branché, grâce, entre autres, au futur complexe de l'Université de Montréal, pas très loin. Bref, on est contents. On apprécie l'esprit multiculturel de notre nouveau quartier, notre rue est calme, la ruelle aussi, nos voisins sont gentils et il y a beaucoup de jeunes familles autour de nous.»

Pas de temps à perdre

Le couple a pris possession de son actuel duplex le 1er mai dernier. «Et le 2 mai, nous commencions les travaux», précise Louis.

Si tôt?

«En réalité, nous avions, auparavant, perdu deux propriétés [deux promesses d'achat], dont un duplex coup de coeur pour lequel nous avions conçu des plans de réaménagement», avoue Émilie.

Adaptés à leur bâtiment, ces plans ont toutefois pu être récupérés et, surtout, présentés rapidement à l'arrondissement (Villeray - Saint-Michel - Parc-Extension) afin d'obtenir le permis requis. «Avec une procuration de l'ancienne propriétaire en main, on a demandé un permis avant même de prendre possession du bâtiment. Ce qui nous a fait gagner du temps», enchaîne Louis.

Les soirs et les week-ends

Mis à part l'électricité, la plomberie et la maçonnerie, le couple s'occupe des travaux. «Les soirs, les week-ends, et jusqu'à ce que mort s'ensuive», avoue Louis, sourire en coin. «Dans un monde idéal, j'aurais pris six mois sabbatiques pour réaliser les travaux, rêve-t-il, tout haut. Mais en réalité, je quitte le bureau à 17 h et je suis ensuite sur le chantier jusqu'à tard, le soir. Pas le choix, faut que ça avance! Heureusement, poursuit-il, on a de très bons amis à qui je dois déjà quelques soirées de réno en retour...»

«Rien de tout cela ne serait possible sans l'aide de nos familles et de nos amis», insiste Émilie, qui prête main-forte à son conjoint dès qu'elle le peut.

Garder le moral

Plutôt que de retaper un vieil aménagement sans intérêt architectural, Louis préfère refaire à neuf et, ainsi, gagner du temps.

«Essayer de "patcher" ou d'arranger des trucs croches, non seulement c'est démoralisant, mais ce n'est pas agréable à faire, admet-il. J'aime mieux remettre à neuf et obtenir des murs droits et des planchers solides.»

Autre astuce: éviter, si possible, de vivre dans la poussière du chantier. «Même s'il faut habiter chez un ami ou louer un logement temporairement, affirme Louis. Quel bonheur que de quitter la poussière du chantier pour aller prendre une douche et dormir dans un lit propre!»

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Une vue du chantier, là où sera aménagée la grande pièce à vivre, notamment.

Petit et bien pensé

Aux yeux des deux designers, l'important n'est pas forcément de vivre dans très grand, mais d'occuper un intérieur bien conçu, aux espaces de qualité. «Notre duplex est petit, mais il possède un sous-sol. Un avantage, car une fois réaménagé, il doublera notre superficie habitable», expliquent-ils. Dégarni, tout le rez-de-chaussée, qui fait 750 pi2, sera réorganisé et, surtout, optimisé. Meilleure circulation, entrée de lumière augmentée, effet d'agrandissement... Tout a été repensé. Un vestibule sera créé, ainsi qu'un petit séjour, car il y aura un grand salon au sous-sol, note Louis.

De part et d'autre de la salle de bains se trouvera la très petite chambre de Nina (avec une cabane sous l'escalier) et celle de ses parents. Spacieuse, la cuisine jouera également le rôle de salle à manger, car l'îlot se prolongera en une table en bois pour manger. «On a vraiment donné la priorité à la cuisine», rappellent les propriétaires. Ces derniers ont choisi d'investir dans le confort et la qualité de certains éléments d'aménagement et matériaux, comme la pierre naturelle qui composera l'îlot de cuisine. Aussi, la fenestration sera en aluminium noir, dont une grande ouverture pleine hauteur, côté cour, comportant une porte coulissante. Quant au système de chauffage radiant, au gaz naturel, il sera installé sous un plancher de merisier en lattes étroites, comme dans les vieux appartements du Plateau. «On a choisi du bois au rez-de-chausée, parce que c'est plus confortable et chaleureux, alors qu'au sous-sol, ce sera du béton», détaille Émilie.

Fin des travaux?

La famille devrait pouvoir emménager dans son appartement rénové en novembre. «Il me restera alors à fabriquer certaines pièces de mobilier sur mesure, comme le meuble-télé... Mais j'aurai mon atelier, au sous-sol», annonce Louis.

Et d'ici là, pas de congé de rénovation à l'horizon? «On vient de passer quelques jours au chalet, dit-il. Pour mieux revenir... rénover!»

La conciliation chantier-famille

Pour éviter les frictions au sein du couple en pleine rénovation, Émilie croit que le secret réside dans la négociation. «Même si nous savons ce que représente un chantier, que nos grandes décisions d'aménagement sont prises et que nous nous entendons bien en matière de design, nous avons chacun eu à faire des concessions, avoue Émilie. Je savais, par exemple, que Louis tenait à avoir un atelier au sous-sol. Il a réussi à me convaincre. En contrepartie, je suis demeurée inflexible sur la création de rangements supplémentaires dans notre chambre.»

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IMAGE 3D FOURNIE PAR LA FIRME

Un rendu de l'aménagement de la pièce à vivre. Le lieu sera dominé par un grand îlot de cuisine qui se prolonge en table de salle à manger. La façade, côté cour, sera percée d'une grande fenêtre et d'une porte coulissante.