Si le fondateur de Boucherville revenait aujourd'hui, si par magie son habitation était rematérialisée, il serait proche voisin de la maison Laurence Mercédès. Voici la petite histoire de la maison.

1667-1724

En 1667, Pierre Boucher, sieur de Grosbois, s'établit sur la rive sud du Saint-Laurent pour développer sa seigneurie des Îles-Percées. Il y demeure jusqu'à sa mort, en 1717, à l'âge de 95 ans. Peu après, l'Aveu et dénombrement 1724 (un recensement) décrit ainsi l'habitation seigneuriale: en pièce sur pièce, de 42 pieds de longueur et 22 pieds de largeur, assortie de plusieurs dépendances, d'un jardin et d'une basse-cour.

1741-1843

En 1741, le troisième seigneur, François-Pierre Boucher, fait construire, sur ce même terrain seigneurial, ce qu'on nommera la maison Lacoste, assortie de quelques dépendances. Ces bâtiments n'existent plus aujourd'hui, possiblement emportés par l'incendie qui a ravagé le village en 1843. En 1815, le cinquième seigneur, Pierre-Amable Boucher, vend la maison et son terrain. La famille Lacoste en fait l'acquisition en 1824.

1899-1950

En 1899 et 1900, deux villas jumelles et voisines sont érigées pour des membres de la famille Laurence, sur l'ancien terrain seigneurial. Le constructeur profite de l'existence de deux fondations identiques déjà en place, en moellons bruts, typiques de l'époque seigneuriale. Quand et pour qui ces ouvrages en pierre des champs ont-ils été réalisés? Mystère.

1950-1970

Dans les années 50, le propriétaire d'alors divise la maison Laurence Mercédès en duplex, ajoutant une porte latérale menant directement à l'étage. C'est sous cette forme que le bâtiment abrite un bureau de poste, un peu plus tard, de 1960 à 1966. Au début des années 70, la maison est reconvertie en unifamiliale.

2009-2014

En 2009, le conseil municipal de Boucherville adopte un plan de mise en valeur du patrimoine bâti. Une des résolutions: si on fait des travaux d'excavation dans le Vieux-Boucherville, on en profitera pour effectuer des fouilles archéologiques. À l'été 2010, Gilles Lauzon et Mychèle Dumoulin acquièrent la maison Laurence Mercédès. À l'été 2013, la firme d'archéologie Ethnoscop, mandatée par la Ville de Boucherville, fouille le sol laissé ouvert par l'enlèvement de la piscine. Elle trouve des restes de maçonnerie ancienne et deux planches partiellement calcinées évoquant le grand incendie de 1843.