Marilize Caron, 29 ans, et Martin Latreille, 30 ans, ont acheté un triplex, sur le Plateau-Mont-Royal, en avril 2010. Leur plan? Chacun occuperait un appartement de 546 pi2 et le troisième serait loué. Marilize logerait au dernier étage et Martin habiterait au rez-de-chaussée.

Pièces exiguës, couloir sombre, recoins inutiles... Leur ancien logement avait besoin d'être entièrement réaménagé. «Et on n'aurait pas pu y vivre en couple», confie Martin Latreille, dont le conjoint Nelson Rouleau a grandement participé au projet.

Les deux propriétaires du triplex font appel aux concepteurs du studio La Shed architecture et leur donnent une mission: remettre leur appartement à neuf et, surtout, le rendre confortable et fonctionnel moyennant un budget individuel de moins de 50 000$.

Résultat? Les deux amis profitent aujourd'hui de leur logis aménagé selon le même plan. «Les architectes ont su valoriser chaque pied carré, reconnaît Marilize. Même s'il demeure petit, mon appartement est maintenant pratique, convivial et j'ai enfin ma chambre intimiste. Finies les pièces doubles séparées par un rideau!»

De son côté, Martin, qui a assuré la gestion de son chantier, apprécie la vie à deux, même à l'étroit... «C'est agréable et l'espace salon-cuisine est vraiment lumineux», confie-t-il.

Idées futées

Aménager un petit espace est un défi. Pour l'optimiser et offrir une vie confortable, les architectes ont multiplié les solutions pour tirer le meilleur parti possible de la surface disponible et maximiser la circulation de la lumière. Dans la foulée, ils ont renforcé l'intimité de la chambre et conservé l'âme du vieux bâtiment. Comment? En dénudant la brique de l'un des murs porteurs, en conservant certaines moulures et en préservant le parquet.

Premier réflexe

«D'abord, nous avons repensé l'espace pour ensuite proposer une réorganisation des pièces, affirme Sébastien Parent, architecte associé à La Shed. Cette étape est essentielle si l'on veut exploiter chaque pied carré, dit-il. Par exemple, la salle de bains des deux appartements a été déplacée, car elle entravait largement l'entrée de lumière provenant de la façade arrière, orientée vers le sud, explique-t-il. C'était la décision la plus logique à prendre.» L'architecte précise que le coût du déplacement de la plomberie est minime comparativement à la qualité de l'espace et au bien-être qu'il procure. «Il ne faut pas craindre un tel réaménagement, car il offre la possibilité d'éliminer les recoins, d'obtenir un gain de place maximal et, dans ce cas-ci, il a aussi permis d'illuminer les pièces de vie», ajoute-t-il.

Moins de pièces, plus de zones

Pour sa part, Yannick Laurin, architecte associé, rappelle qu'un décloisonnement demeure l'un des moyens les plus efficaces pour tirer profit d'une petite surface. «Je préfère alors créer des zones et, dans les appartements de Marilize et de Martin, nous avons élaboré deux zones principales qui regroupent des fonctions compatibles. Ainsi, il y a la chambre à une extrémité et les pièces de vie, à l'arrière, qui bénéficient de la lumière du jour. Entre les deux, un bloc a été installé. Celui-ci comporte la salle de bains, une mini buanderie, une penderie de type walk-in, ainsi que les électroménagers de la cuisine, qui sont intégrés dans l'épaisseur d'une des cloisons du volume», détaille-t-il.





Cloisons diaphanes

Renée Mailhot, architecte associée, fait remarquer qu'il est possible de réaliser des divisions sans toutefois ériger des murs opaques et fixes qui bloqueraient la lumière et la vue. Bonne idée: les architectes de La Shed ont suggéré la création d'une paroi et d'un panneau coulissant en polycarbonate translucide, dans l'entrée.

«Cet aménagement sépare l'entrée de la chambre tout en préservant l'intimité de cette dernière, explique Renée Mailhot. Aussi, le polycarbonate translucide laisse filtrer la lumière issue de la fenêtre de la chambre et de celle de la porte principale. Ce qui a pour effet de donner de l'éclat et du caractère dans cette portion de l'habitation. Le soir, ce matériau produit un subtil jeu de lumière.»

Ce principe de cloison transparente a également été mis à profit dans la salle de bains. Une longue paroi vitrée à la jonction du plafond laisse entrer la lumière du jour dans la pièce d'eau dépourvue de fenêtres. Autres avantages: «L'intimité des occupants de la salle de bains est préservée, car le bandeau vitré se trouve au-dessus du niveau des yeux, note l'architecte. Sans compter l'effet d'agrandissement produit par le prolongement visuel du plafond», conclut-elle.

Le projet en chiffres

Localisation: arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Montréal

Date d'achat du triplex: avril 2010

Prix: 445 000$

Durée des travaux: deux mois et demi, par appartement

Année de réalisation: 2011

Surface de chaque logis: 546 pi2

Coût des travaux au pi2 (pour chaque appartement): 86$, excluant les honoraires de conception

Dépassement du budget initial: 12,82$ le pi2, par logement, hors honoraires

Programme: remise à neuf, à l'exception du parquet de pin (qui a été réparé, poncé et verni), des fenêtres et de l'extérieur.

Photo: Alain Roberge, La Presse

Marilize Caron qui tient sa fille Ellie, 2 mois, dans ses bras, a acquis ce triplex avec son ami Martin Latreille. Au centre, on aperçoit le conjoint de ce dernier, Nelson Rouleau.