Les cottages à toit plat ou mansardé des quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur n'ont pas la prestance des maisons de la Grande Allée, mais leur architecture évoque le passé ouvrier de la basse ville et la riche histoire des familles qui l'ont habitée. Des familles qui, à l'image des Plouffe du roman de Roger Lemelin, travaillaient dans le textile, la chaussure, l'imprimerie, le bois. Des industries qui ont disparu au fil du temps pour être remplacées, ces dernières années, par la nouvelle économie et un secteur commercial florissant. Ce qui a amené l'arrivée de nouveaux résidants.

Odette Lapointe et Charles Daveluy font partie de ceux qui ont été charmés par le potentiel du Nouvo Saint-Roch. En 1995, ils se sont installés dans les lofts de la Fabrique. Mais il y a trois ans, la piqûre du changement s'est fait sentir. Charles, qui possède une formation d'ébéniste, a voulu ressortir son coffre à outils. Il a donc sauté à pieds joints dans le projet de rénovation d'une maison centenaire de la rue Arago. Un cottage que sa compagne avait remarqué en allant travailler.

Si l'extérieur de l'immeuble n'a pas changé, il en va tout autrement de l'intérieur, qui a subi une transformation totale. Le couple a même ajouté un demi-étage à l'immeuble ainsi que deux grandes terrasses avec la collaboration du bachelier en architecture Francis Fortier. Et de la structure initiale du bâtiment, il n'est resté que les murs, les poutres, l'escalier, ainsi que les briques de l'ancienne cheminée.

«Notre ambition était d'avoir un intérieur décloisonné et lumineux, explique Odette Lapointe. Mais pour y arriver, ils ont dû faire preuve d'ingéniosité en relevant, par exemple, de quelques pieds le plafond de la cuisine et de la salle à manger, laissant ainsi à découvert les anciennes poutres ainsi que l'escalier.» Ce qui confère à l'ensemble résolument contemporain un cachet à l'ancienne renforcé par un mur tout en brique dans le salon. Des briques qui ont été recyclées de l'ancienne cheminée. «Nous les avons lavées une à une, souligne Odette, parce qu'elles étaient noires de suie. Ensuite, elles ont été amincies avant d'être posées sur le mur.»