Une entreprise québécoise travaille actuellement à la conception d'un nouveau type d'éolienne destiné au marché résidentiel. L'engin en forme de cône plat est peu visible et, argument massue, fait moins de bruit qu'une machine à laver.

Une entreprise québécoise travaille actuellement à la conception d'un nouveau type d'éolienne destiné au marché résidentiel. L'engin en forme de cône plat est peu visible et, argument massue, fait moins de bruit qu'une machine à laver.

 Mise à l'essai à la Biosphère de Montréal, la turbine ressemble à une boîte de thon dans laquelle on aurait découpé des fentes. Le vent se faufile à l'intérieur et la fait tourner autour d'un axe vertical. L'électricité est tirée de cette rotation.

 «Le principe d'une éolienne comme la nôtre n'est pas nouveau, explique Jean-Pierre Binda, président de Vertica. C'est sensiblement la même chose que les batteurs à oeufs géants de Cap-Chat, en Gaspésie, sauf que nous avons solutionné les problèmes qui accompagnent le modèle Darius.»

 Très lourdes, les palles de ces éoliennes exercent une pression exagérée sur le système mécanique, qui s'affaiblit rapidement. Devant ce constat d'échec, le sculpteur Armand Robitaille cherchait une solution... qu'il a trouvée en regardant un bol de céréales tourner sur l'eau dans son évier.

 Il a alors ébauché le principe d'une nouvelle éolienne à axe vertical, que l'entreprise Vertica a développé. Le principe a conquis le gouvernement du Canada: le ministère du Travail vient d'octroyer 216 000$ à l'entreprise pour l'aider à mettre au point son produit.

 Pour le moment, on ne peut voir ces turbines en action qu'à la Biosphère et sur le toit d'institutions comme le Cégep de Sorel-Tracy. Jean-Pierre Binda ne renonce toutefois pas à son objectif premier: servir une clientèle résidentielle. D'ici un an, les consommateurs devraient pouvoir en acheter une auprès d'un détaillant.

 «On peut penser à ce marché parce que notre produit s'installe facilement sur un toit plat, et il ne fait presque pas de bruit, explique l'entrepreneur. En fait, le seul son qu'on entend, c'est le vent qui glisse contre la paroi.»

 Les éoliennes à pales conventionnelles, fixées sur un mat, tournent plus vite que la vitesse du vent. C'est cette différence qui entraîne un bruit désagréable, ajoute M. Binda. L'éolienne de Vertica tourne quant à elle moins vite que le vent, d'où sa discrétion.

 Malgré tout, les municipalités ne sont pas très favorables aux éoliennes. «En zone urbaine, une éolienne peut avoir des impacts sur le paysage, explique Valérie De Gagné, responsable de communication à la Ville de Montréal. Si un citoyen veut en installer une, il doit se tourner vers son arrondissement, qui étudiera sa demande. Ce n'est toutefois pas le genre de système que nous privilégions, à Montréal.»

 L'entrepreneur sait qu'il a une opération charme à mener auprès des municipalités. «C'est une question d'éducation, croit-il. Et s'il faut appeler notre produit "turbine" au lieu d'éolienne, nous le ferons.»

 Une énergie d'appoint

 Les premières éoliennes de Vertica pour le marché résidentiel devraient mesurer environ trois mètres de diamètre. Sur un toit plat, elles ne seront pas visibles de la rue.

 Ce petit modèle, au coût d'environ 15 000$, produira environ 3000 kilowatts/heure avec les vents moyens de Montréal: voilà de quoi répondre à environ 10% des besoins en énergie d'une famille moyenne. La performance peut être bonifiée en bordure d'un cours d'eau et dans un corridor de vent, entre deux édifices.

 «Il s'agit d'une énergie d'appoint, explique M. Binda. Nous visons des clients qui ont un chalet et utilisent une génératrice au diesel, ou encore ceux qui ne veulent pas être totalement dépendants d'Hydro-Québec. Avec la recherche, nous obtiendrons un jour de meilleurs résultats, mais avec le coût de l'électricité au Québec, l'éolienne résidentielle n'est pas encore rentable pour alimenter toute une maison.»