Alors qu’on valorise plus que jamais l’achat local et la consommation de la ferme à la table, La Presse reprend la route cet été pour aller à la rencontre d’artisans et de travailleurs agricoles. Premier portrait d’une série de six avec nul autre que Médé, de la Ferme Langlois et Fils, à Neuville.

(Neuville) À notre arrivée, Médé Langlois insiste pour aller enfiler son emblématique salopette. Il ne la porte que pour les grandes occasions : l’accueil des groupes en visite à sa ferme et en spectacle avec son groupe punk-trad Carotté.

Médé, son frère Daniel et sa sœur Nathalie font partie de la 11e génération de Langlois qui cultivent la même terre familiale depuis 1667, si bien que leur ferme, qui surplombe magnifiquement le fleuve, serait parmi les plus anciennes du Québec.

« La ferme a toujours été donnée de père en fils », explique Médé.

En 2015, nous avions interviewé Médé le musicien, mais on tenait à parler à l’agriculteur. Qu’il soit l’un ou l’autre, il a les yeux bleus comme le fleuve et des doigts costauds. « Les Français me disent, mais putain, Médé, comment tu fais pour jouer de la guitare avec ces saucissons ? », lance-t-il en riant.

Lisez notre entrevue avec Médé Langlois du groupe Carotté

Le fameux maïs de Neuville

Nous sommes arrivés à la ferme alors que le soleil se pointait après plusieurs heures de pluie. « Du temps chaud et humide comme ça, c’est parfait pour le blé d’Inde ! », se réjouit Médé.

PHOTO PAUL DIONNE, COLLABORATION SPÉCIALE

Le blé d’Inde de Neuville se pointe.

Nous étions alors à la mi-juillet et Médé s’attendait à ce que la fierté de Neuville soit prête dans une douzaine de jours. « Ça va tranquillement au début. Ça se passe surtout en août et en septembre. »

Depuis 2017, le maïs de Neuville bénéficie d’une appellation réservée. Les Langlois font partie des producteurs qui ont voulu faire reconnaître ses vertus et ses variétés uniques. « C’est le terroir ! Nous avons un sol sablonneux avec un fond de calcaire, ce qui vient donner le goût sucré », détaille Médé.

Comment Médé mange-t-il son maïs, par ailleurs ? « Plein de beurre et pas de sel, et il ne faut pas qu’il soit trop cuit ! »

PHOTO PAUL DIONNE, COLLABORATION SPÉCIALE

La ferme donne sur le fleuve.

Vue sur le fleuve

La maison de Médé est à côté de celle de ses parents et de son frère, qui a deux enfants. Elles sont entourées des terres de la ferme qui totalisent une quarantaine d’acres et qui sont dispersées d’un côté et de l’autre de la route 138. Celle au pied du fleuve a un microclimat chaud idéal pour les melons et les tomates, précise l’agriculteur.

« Ma mère fait du miel aujourd’hui. Elle a une cinquantaine de caisses à faire », poursuit Médé, pendant qu’il nous emmène dans les champs de maïs pour nous montrer fièrement les bestioles qui lui permettent de diminuer l’usage d’insecticides de près de moitié. Ensuite, il nous montre comment chaque immense plant qui donne un épi se pollinise de haut en bas au gré du vent.

« Le patriarche, interrompt Médé alors que son père s’en vient. Viens prendre une photo avec moi ! »

PHOTO PAUL DIONNE, COLLABORATION SPÉCIALE

Médé et son père, Fernand Langlois

Fernand Langlois a 81 ans. Des fermiers comme lui ne prennent jamais vraiment leur retraite. Il se lève toutefois à 6 h et non plus à 3 h 30 comme son fils.

Nicolas Langlois avait 17 ans quand il est arrivé ici par bateau en 1667 alors que Québec a été fondé en 1608. Il venait de Normandie et il a marié une fille du Roy. Il a trouvé un bon spot.

Fernand Langlois, père de Médé

« Tu sais pourquoi les lots sont de biais ? nous montre-t-il avec sa main. À l’époque, ils étaient divisés selon le soleil de 10 h. »

Comment Fernand Langlois et ses fils savent-ils qu’il va pleuvoir ? En regardant le fleuve.

PHOTO PAUL DIONNE, COLLABORATION SPÉCIALE

En plus du comptoir de la ferme, il y a un économusée sur la conserverie.

Sur la route 138

Pour acheter des produits de la Ferme Langlois, il faut se rendre à Neuville. « On vend toutes nos récoltes ici, indique Médé. On veut que les gens viennent voir notre terroir. »

Sur place, il y a un comptoir avec des fruits et des légumes (carottes, melons, aubergines, alouette), mais aussi une boutique avec des produits préparés sur place (la sauce aux fruits de mer est un incontournable) et des pots de conserve de toutes sortes.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE LA FERME LANGLOIS

La famille Langlois

Les Langlois ont ouvert un économusée de la conserverie en 2013. Des tableaux informent le public sur les techniques traditionnelles de transformation qui permettent de faire de la conservation — et des provisions ! – pour l’hiver.

On peut aussi admirer des photos de famille. « Nous avons des livres de recettes qui datent de centaines d’années, souligne Médé. Je n’ai jamais vu ma grand-mère sans tablier. »

1087, route 138, à Neuville

Consultez la page Facebook de la Ferme Langlois et Fils