Les films français ont été aussi nombreux en 2013 qu'en 2012, mais le nombre de longs métrages à gros budgets a chuté et les investissements et les devis moyens sont aussi en baisse, crise oblige, selon l'étude annuelle du CNC.

«Ce qu'on voyait les dernières années se confirme. Le niveau de production reste élevé tant en fiction qu'en documentaire ou animation», explique vendredi à l'AFP Benoit Danard, directeur des études au Centre national du cinéma (CNC).

«Mais il y a moins d'investissements de la part des chaînes, donc cela a un impact notamment pour les films à gros budgets, bien moins nombreux», poursuit-il.

Quelque 270 films ont été agréés l'an dernier par le Centre national de la cinématographie et de l'image animée, soit un peu moins qu'en 2012 (279).

Le nombre de films d'initiative française est resté stable à 209, celui des films à majorité étrangère ayant diminué de 9.

Le devis moyen des films produits l'an dernier est le plus bas de la décennie avec 4,88 millions d'euros, en raison justement de «la baisse de 33 à 19 sur un an du nombre de films dont le budget est supérieur à 10 millions d'euros», entre 2012 et 2013, relève Benoit Danard.

«C'est la crise. Le problème est de pouvoir être en capacité de mobiliser des financements sur de très gros films. Et c'est plus compliqué aujourd'hui qu'il y a trois ou quatre ans», constate-t-il.

Le budget le plus élevé en 2013 - près de 60 millions d'euros - concerne l'adaptation du Petit prince de Saint-Exupéry, un film d'animation en 3D de Mark Osborne (Kung Fu Panda), dont la date de sortie n'est pas encore fixée, devant Lucy, dernière production de Luc Besson (49 millions d'euros) annoncée pour août, et La belle et la Bête de Christophe Gans (34 millions d'euros), sorti le 12 février.

À l'autre bout de l'échelle, les films entre 1 et 2 millions sont passés de 25 à 32, ceux entre 4 et 5 millions de 3 à 11.

Les investissements sont en léger repli, de 4,3% à 1,02 milliard d'euros, après 1,065 milliard en 2012 et 1,12 milliard en 2011.

Les chaînes de télé ont moins investi

Comme l'an passé, les chaînes de télévision historiques ou à péage, sources traditionnelles de financement du cinéma, ont moins investi suivant en cela le repli de leur chiffre d'affaires: -18,9% à près de 292 millions d'euros.

Mais les situations sont diverses: TF1 a financé moins de films et investi un peu plus (à 37,40 millions d'euros), surtout dans des oeuvres à budgets élevés. M6 a préféré aussi les grosses productions, mais a divisé par deux ses financements de 22 à 10,5 millions d'euros, de même que le nombre de films aidés (de 12 à 5).

Les investissements des chaînes publiques comme France 2 et France 3 ont aussi reculé (respectivement de -41,4% à 23 millions d'euros et -14,3% à 19 millions).

Le poids lourd du cinéma reste Canal+ qui a mis 160,44 millions d'euros dans 126 films en 2013 (46,7% des films agréés par le CNC). Ce budget recule de 13,9% par rapport à 2012.

Ciné+ comme OCS, autres chaînes à péage, ont aussi réduit la voilure tandis que TPS a disparu.

L'an dernier, 57 films ont bénéficié de l'avance sur recettes dont 21 étaient des premiers films et 12 des deuxièmes. Le montant total attribué a été de 24,29 millions d'euros.

Concernant les films étrangers tournés en France, les investissements sont encore plus orientés à la baisse là encore sous l'effet de la crise ou de crédits d'impôt plus avantageux ailleurs (Belgique, Luxembourg, etc.): -15,2% à 234,7 millions d'euros.

Le nombre de coproductions reste très élevé: 116 (contre 129 en 2012) réalisés avec 38 pays différents.

Si le nombre de jours de tournage a progressé en 2013 de 8,5% grâce à l'amélioration du crédit d'impôt français, le début de 2014 est lui marqué par «moins d'engagements» de tournage.

Combien coûte un film et qui paie?

Un film de fiction a coûté en moyenne 5,57 millions d'euros, un documentaire 0,62 million et un film d'animation 8,11 millions en 2013, selon une étude du Centre national du cinéma (CNC) publiée vendredi.Sur dix ans, le coût de production de ces oeuvres françaises a augmenté de 28,4% (2,8% par an), affirme cette étude réalisée sur le coût définitif de production de films français.

En 2013, la part des droits artistiques se montait à 8,5% en 2013 dans le coût total, dont 4,2% pour les dépenses d'écriture (sujet, adaptation et dialogues), le reste concernant les droits d'auteur du réalisateur ou les droits musicaux par exemple.

L'interprétation représente 13,2% du coût total, le pourcentage le plus haut depuis 2004: 8,7% pour les rôles principaux, 1,5% pour les seconds rôles.

Les moyens techniques se montaient à 8,5% dont 2,9% de dépenses de postproduction (montage, auditorium, générique, film annonce...).

Les dépenses relatives aux pellicules et laboratoires atteignaient 2,8%, en forte baisse depuis dix ans, avec la généralisation du numérique beaucoup moins cher que la pellicule traditionnelle.

Pour la même raison, les coûts de distribution d'un film ont baissé. En revanche les frais de promotion et les dépenses publicitaires ont augmenté.

Qui paie?

En moyenne toujours, les producteurs français ont apporté 28,8% du financement d'un film en 2013 et les chaînes de télévision 27,3% (pour l'essentiel en préachat c'est à dire pour acquérir les droits de diffusion).

Viennent ensuite les mandats étrangers (achat des droits pour diffuser une oeuvre sur les marchés hors pays coproducteurs) à 13,9%, les mandats groupés (couvrent plusieurs types de droits) 8,7%, ou encore les apports étrangers 8,6%.

Les Sofica (sociétés qui collectent des fonds auprès de particuliers et les investissent dans le cinéma) participaient à 3,1%.

Les aides du CNC atteignaient 2,9% quand elles étaient automatiques (générées par les recettes d'un film précédent), et 2,7% quand elles étaient sélectives, comme pour l'attribution de l'avance sur recettes.

Les régions participent à hauteur de 2,1% en moyenne. Sans surprise, l'Île-de-France qui concentre l'essentiel des tournages est en tête avec 10,28 millions d'euros attribuées entre 32 films, très loin devant la Provence-Alpes-Côte d'Azur, 2,56 millions d'euros destinés à 18 films.

Enfin, 131 films français sur 209 ont fait l'objet l'an dernier d'une demande de crédit d'impôts.