Les producteurs de la série Harry Potter ont choisi un nouveau scénariste et un nouveau réalisateur pour tenir la barre de Harry Potter et l'Ordre du phénix. Ces derniers ont eu une multitude de choix à faire afin que ce plus long des romans de J.K. Rowling devienne le plus court des longs métrages. Quant aux jeunes acteurs qui incarnent Harry, Hermione et Ron, ils se sont glissés dans la peau de personnages qui ont quitté l'enfance et ont des décisions à prendre dans un monde où tout n'est pas noir ou blanc. Que sonne l'heure des choix...

Harry Potter et la coupe de feu se terminait sur une note dramatique. Harry assistait au retour de Voldemort et était témoin du meurtre de Cédric. Comment s'étonner de l'état émotif du garçon dans les premières pages... et les premières images de Harry Potter et l'ordre du phénix, qui commence quelques semaines à peine après la terrible confrontation!

Les plaies, au corps comme à l'âme, n'ont pas eu le temps de cicatriser. Pourtant, ses alliés de toujours Dumbledore, Ron, Hermione, Sirius semblent ne plus le soutenir. Et la majorité des sorciers nient le retour du Seigneur des Ténèbres. D'où la colère qui sourd en Harry, qui a maintenant 15 ans. Elle coule dans les plus de 1000 pages qui forment le plus long des romans de J.K. Rowling. Et dont le scénariste Michael Goldenberg et le réalisateur David Yates ont fait le plus court des films de la série. À peine (!) 138 minutes.

«Ça n'a pas été aussi intimidant que ça peut le sembler», a indiqué Michael Goldenberg lors d'une conférence de presse tenue en juin au très chic hôtel Claridge de Londres. «C'est un long roman mais la quantité «d'histoire» à l'intérieur n'est pas beaucoup plus importante que dans les autres livres. On y trouve de passionnantes digressions, de merveilleux détails et de formidables à-côté, mais quand vous ramenez cela à la trame narrative première, la ligne directrice devient très claire.» Et elle suit le parcours émotif de Harry.

Avec David Yates, le scénariste a mis en exergue tout ce qui alimentait cette piste. D'où les amputations. Douloureuses. Mais inéluctables. «Ça a été la partie la plus difficile du travail, fait le réalisateur. Parce que ces films sont faits par des fans pour des fans. Et nous savions qu'à chaque coupure, quelque part, un fan serait déçu. Mais nous n'avions pas le choix. Surtout qu'il était important, pour nous, que le long métrage dégage quelque chose de viscéral, qu'il n'apparaisse pas comme une série d'épisodes qui seraient comme autant de chapitres.»

Pour servir de véhicule à ces émotions, trois jeunes acteurs qui ont gagné leurs épaulettes au fil des adaptations des romans de J.K. Rowling: Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint cohabitent avec Harry, Hermione et Ron depuis sept ans. Quand on en a à peine plus de 17, c'est presque une vie. Qui, la veille de la rencontre de presse, avait défilé en une fraction de seconde sous les yeux des journalistes invités au visionnement du film: quelques flash-back ramènent en effet à L'école des sorciers et La chambre des secrets.

Choc partagé par les comédiens. «Quand j'ai vu l'image tirée du premier film et que j'ai entendu un groupe de filles pousser un «Aw!»... ça m'a un peu démoli l'amour-propre», indique Daniel Radcliffe. Preuve qu'il ne s'est pas vu grandir dans l'oeil de la caméra. Ni dans la peau du personnage, d'ailleurs: «Je sais que les médias voudraient que je dise que je ne pourrais vivre sans Harry. Mais... non. Je ne pense même pas que Harry, en tant que personnage, m'ait influencé en tant que personne.»

Point de vue que partagent ses complices. Lesquels, souriants et sereins, ne semblent pas plus que lui aux prises avec les tourments qui frappent les jeunes sorciers dans L'Ordre du phénix, alors que Poudlard est pris en otage par la machiavélique Dolores Ombrage, qui devient Grande Inquisitrice à l'école; et que 10 Mangemorts (dont la malfaisante Bellatrix Lestrange) s'échappent de la prison d'Azkaban, donnant un élan aux prétentions de Voldemort.

Il est question d'intégrisme et de politique, de fanatisme et de racisme dans cette oeuvre (dite) pour enfants. La colère de Harry est d'autant plus justifiée. «Mais attention, Harry n'a pas que des bons côtés... comme n'importe qui, avance Daniel Radcliffe. Quand il fustige ses deux amis, par exemple, alors que ce n'est pas justifié. Et puis, d'une certaine manière, il peut se montrer égoïste. Peut-être que c'est un moyen, pour lui, de se protéger des attentes des gens, de cette image de héros. Enfin, quand Rogue lui dit qu'il est aussi arrogant que James, son père... je crois qu'il y a une part de vérité là-dedans.»

«Harry est ici dans une position très difficile, note Emma Watson. Il se sent isolé mais, en même temps, il recherche cet isolement parce qu'il pense qu'en agissant ainsi, il aura moins à perdre. Pour moi, le film traite de la manière dont Harry parvient à comprendre qu'il n'a pas à tout faire lui-même, réalise l'importance de ses amis et de l'amitié. Si, d'un côté, il a peur de perdre ses amis, d'un autre côté, les avoir lui donne une raison de se battre. Cela fait de lui un humain-sorcier plus puissant que Voldemort.»

Quand on les écoute et pas seulement quand on les regarde on se retrouve à des lustres des enfants intimidés que les médias ont rencontrés en 2001. En fait, ils ont plus à dire que bien des acteurs plus aguerris ou plus blasés? Allez savoir! Mais pour cela, faudrait être un peu sorcier...


Harry Potter et l'Ordre du phénix prend l'affiche le 11 juillet

Les frais de voyage ont été payés par Warner Brothers