La mort dimanche soir de l'acteur Michel Serrault, monstre sacré du cinéma français, a suscité une vive émotion aussi bien dans le monde du spectacle que chez les hommes politiques, le président Nicolas Sarkozy ayant été un des premiers à saluer sa mémoire.

L'acteur est mort à l'âge de 79 ans des suites d'une longue maladie, dans sa maison de Honfleur, ville de l'ouest de la France où ses obsèques seront célébrées jeudi.

«Un monument du monde du théâtre de boulevard, du cinéma et de la télévision vient de nous quitter», a déclaré dans un communiqué publié dans la nuit M. Sarkozy, en exprimant sa profonde tristesse.

«Cet artiste populaire à la filmographie impressionnante a su marquer chaque Français par ses immenses talents d'acteur, aussi bien comique que dramatique», a-t-il ajouté.

Le Premier ministre, François Fillon, a rendu hommage à un comédien d'exception tandis que la ministre de la Culture, Christine Albanel, soulignait sa grande popularité et son don d'apporter une évidente authenticité aux caractères qu'il savait dépeindre, quel qu'en soit le registre.

Le réalisateur et animateur de télévision Pierre Tchernia, qui a tourné plusieurs films avec Michel Serrault, a estimé que sa disparition laissait un grand vide.

«Pour chaque scénario, il poussait les réalisateurs dans leur retranchement pour savoir où ils voulaient l'emmener à travers le personnage», a-t-il expliqué.

Dans La cage aux folles (sorti en 1978), un de ses grands succès au cinéma, dans son numéro totalement clownesque de Zaza, il a réussi à glisser de l'humanité. «C'était sa force avec tous les personnages, les plus comiques comme les plus odieux», a encore dit M. Tchernia.

«C'était un acteur formidable», a rappelé le réalisateur Jean-Pierre Mocky. «J'ai remplacé Bourvil par Michel Serrault. Maintenant, je ne vois pas à qui proposer ses rôles. Je n'arrive pas à trouver un nom».

Le cinéaste Claude Lelouch a raconté qu'il avait le projet de tourner avec Michel Serrault, merveilleux acteur.

«Cela faisait plusieurs années qu'on rêvait de tourner un film ensemble. Ce rêve n'aura pas lieu. Je me régalais d'avance. C'est un film que je serai le seul à voir...», a-t-il dit.

Pour le réalisateur Bertrand Blier, qui l'avait notamment dirigé dans Buffet Froid en 1979, Michel Serrault était un immense bonhomme, l'un des rares acteurs capables de passer dans le fantastique réaliste.

«Il était un fou furieux de génie, tour à tour dans la poésie, l'irrél mais aussi dans la gravité la plus absolue. Avec lui, on était pris dans un tourbillon. Il était un homme extraordinairement drôle. Il était intenable sur un plateau», a-t-il encore dit.

En plus d'un demi-siècle, Michel Serrault a joué dans quelque 135 longs métrages et dans de nombreux téléfilms, sous la direction de réalisateurs comme Henri-Georges Clouzot, Claude Chabrol, Jean-Pierre Mocky, Georges Lautner, Michel Audiard, Claude Zidi ou Mathieu Kassovitz.