Même si elle exerce le métier de comédienne depuis maintenant près de 15 ans, Chiara Mastroianni n'avait jamais ressenti de sentiment d'urgence par rapport à un rôle. Du moins, pas au point d'aller solliciter elle-même un cinéaste pour lui offrir son talent. Jusqu'au jour où elle a eu vent que Persepolis, sa bande dessinée favorite, ferait l'objet d'un film.

«Moi qui suis très timide de nature, je suis sortie de ma coquille pour aller me manifester auprès de Marjane, une femme que je n'avais jamais vue auparavant!» expliquait l'actrice à La Presse au cours de son passage au Festival de Toronto.

«C'était comme un moment de folie! ajoute-t-elle. Jamais je n'avais agi de la sorte auparavant. Mais là, il le fallait. J'étais déjà une très grande admiratrice des albums de Marjane et, depuis quelques années, j'entretenais aussi le fantasme de prêter ma voix à un personnage de dessin animé. Quand j'ai su qu'un projet de film était en marche, cela a fait tilt dans ma tête!»

L'actrice avait d'ailleurs appris la nouvelle directement de sa mère, Catherine Deneuve. Cette dernière, qui est aussi une admiratrice des albums, prête sa voix à la mère de l'héroïne. Il y a quelques années, Deneuve avait en outre invité Satrapi à faire partie des artistes dont elle sollicitait la participation en vue d'un numéro spécial de Vogue dont elle assurait la direction.

Pour Chiara Mastroianni, qui est devenue l'alter ego de Marjane Satrapi à l'écran, l'expérience Persepolis a été des plus concluantes.

«Nous disposions d'une formidable liberté, car nous n'étions pas obligés de suivre les images. Celles-ci ont été dessinées après. Ainsi, nous avons pu mettre beaucoup de nous-mêmes dans ces personnages-là. Travailler dans un contexte d'animation fait tomber certaines inhibitions.»

De là à ce que l'actrice se mette désormais à solliciter les cinéastes avec lesquels elle aimerait travailler, il y a quand même un pas. Persepolis semble plutôt relever de l'exception à cet égard. L'actrice s'étonne elle-même de l'initiative qu'elle a prise. Et qui fut couronnée de succès.

«Je suis une huître qui s'ouvre une fois et qui se referme ensuite pendant des mois!» conclut-elle.