L’auteure-compositeure-interprète Stéphanie Lapointe, les réalisateurs Dominique Laurence et Eza Paventi partent aujourd’hui pour le Soudan, où ils tourneront des capsules documentaires sur les migrations en Afrique, pour Radio-Canada International.

L'équipe envisage le tournage, en décembre prochain, d'un long métrage documentaire sur les jeunes dans les camps de réfugiés au Darfour. Ils tiendront leur carnet de bord en exclusivité sur Cyberpresse.ca jusqu’à la mi-mai.

Tout a commencé un soir d’octobre dernier, au restaurant afghan Khyber Pass, rue Duluth à Montréal. Les réalisateurs Eza Paventi, Dominique Laurence et moi avions tous la même idée en tête:  mettre sur pied un projet documentaire long métrage dans lequel la parole serait donnée à de jeunes réfugiés des camps du Darfour, au Soudan. Un projet où il ne s’agirait pas de présenter notre point de vue sur la réalité des réfugiés, mais bien de porter et de mettre en valeur leur propre réalité, par le biais du cinéma.

Au fil des semaines, puis des mois, notre projet s’est précisé: nous irions accompagner de jeunes Darfouris dans la réalisation de courts métrages. Ainsi est né le projet À ciel ouvert. Et c’est aujourd’hui le grand départ.

Nous nous envolerons tantôt pour le Soudan, en direction des camps de réfugiés en compagnie de Sarah Houde, d’Unicef Québec. J’étais depuis peu ambassadrice pour Unicef Québec quand nous avons lancé l’idée du projet. Comme les enfants sont au coeur des préoccupations de l’Unicef, Lili-Anna Peresa, directrice générale de l’ONG, a accepté d’emblée de nous épauler dans notre démarche.

Cet appui est indispensable dans la réalisation d’un projet comme le nôtre, car il est extrêmement difficile pour des documentaristes d’avoir accès aux camps de réfugiés du Darfour, sans l’appui d’une ONG oeuvrant sur le terrain. Unicef Québec et Unicef Soudan nous soutiendront tout au long de ce premier voyage dans l’aide à la recherche sur place et dans nos déplacements, en nous laissant la liberté de mener notre projet avec pour seule contrainte, la sécurité des enfants avec lesquels nous travaillerons. 

Leur expertise et leur volonté de mettre en lumière la situation des habitants du Darfour nous permettront certainement d’aller plus loin dans notre démarche de réalisation. Selon Eddy Cawardine, officier senior d’Unicef Soudan, l’ONG n’a jusqu’à ce jour jamais accueilli une équipe de tournage pour une aussi longue période de temps.
 
Michel Coulombe, directeur de la programmation de Radio-Canada International, nous a quant à lui permis, grâce à son soutien et sa confiance, de séjourner une première fois au Soudan en nous demandant de réaliser six portraits documentaires sur les migrations de populations au Darfour, puis au Rwanda.

Pourquoi le Darfour?

Grâce à leur ouverture et à leur patience, Dominique et Eza m’en ont beaucoup appris sur l’univers du documentaire depuis le début de notre démarche.
 
À la différence du cinéma, le scénario du documentaire doit pouvoir s’adapter à la réalité du terrain. Il n’y pas de dialogues écrits, de gens qui vous attendent au bon moment avec les bons outils, avec les bonnes répliques. En documentaire, il n’y a aucune certitude, sauf celle de savoir que chaque nouvelle journée de tournage est porteuse de beaucoup de découvertes, de rencontres, de partages, de récits troublants ou je l’espère… heureux.
 
Ces derniers temps, on m’a posé très souvent la même question: Pourquoi le Darfour?
 
Et spontanément, j’ai souvent eu tendance à répondre machinalement qu’il s’agit de l’une des crises humanitaires actuelles les plus dévastatrices selon l’ONU, que plus de 300 000 Soudanais ont été tués et deux millions, chassés de leurs demeures. Que dans une région d’une superficie équivalant approximativement à quatre fois la taille de la France, un conflit complexe dans lequel sont engagées plusieurs factions confine des millions de gens à rester dans l’anonymat d’une réalité qui, pour beaucoup, demeure un mystère.
 
Mais vous savez quoi? Je devrais peut-être ajouter que, lorsque cette question «pourquoi le Darfour» est posée, j’ai le sentiment que nous devons parler davantage de cette crise qui sévit depuis maintenant cinq ans, que nous devons parler de ce fossé gigantesque qui nous sépare des régions qui se trouvent loin de nos yeux, de nos téléviseurs ou de nos journaux, fossé qui nous éloigne des chiffres qui estiment froidement le nombre de morts et de déplacés qui augmente d’année en année. Ces chiffres qu’on a du mal à évaluer, à imaginer, tant leur ampleur est importante.
 
Comme le dit le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, le Soudan est «un pays qui vit probablement la première guerre liée au réchauffement climatique».
 
Je crois que nous devons parler de cette mince pellicule, juste assez opaque, qui se dessine entre les frontières de nos pays, pour rendre les choses floues.
 
Je crois que quelque part en nous, nous savons qu’en allant au Darfour, nous reviendrons riches de beaucoup de choses.  Plus que la politique, l’économie, les missions humanitaires…ou l’art, je crois que ce sont des poignées mains, des regards et des récits que nous irons trouver…à ciel ouvert.
 
À bientôt et merci de nous accompagner dans ce voyage!
Stéphanie
 
Pour plus d’informations, visitez le site d’Unicef à www.unicef.ca