La question était, dans le contexte, totalement (im) pertinente. Roulement de tambour. «D'après vous, à quel âge un enfant doit-il quitter la maison familiale?» Les acteurs en vedette dans Step Brothers ont plongé dans le sujet avec un plaisir semblable à celui qu'ils affichent dans le film d'Adam McKay.

«Selon moi, les enfants quittent la maison dès qu'ils se sentent prêts. Certains le sont à 5 ans, d'autres à 52», affirme Will Ferrell tandis que le réalisateur abonde: «J'ai un oncle mort qui vit encore avec nous», assure-t-il dans une envolée pleine de sincérité et d'émotion. «Mon fils de 6 ans est sur la voie de départ, il travaille à temps partiel depuis un bon moment déjà», ajoute John C. Reilly, sourire en coin. Car il est entré sur le marché du travail à... 12 ans. «Ce qui est parfaitement illégal mais très formateur, raconte ce natif de Chicago. J'étais plongeur dans un restaurant. Je me rendais là après l'école. Toute la vaisselle de toute la journée m'attendait.»

Quelques années auparavant, a-t-il découvert sur le plateau, son vrai père avait rencontré le faux, celui qu'interprète Richard Jenkins (la série Six Feet Under, The Visitor): «Richard est de la région de Chicago, lui aussi. Un jour, pendant une pause, je lui ai raconté que mon père travaillait pour une entreprise de linge de maison. Il m'a alors demandé son prénom et s'est exclamé: «J'ai travaillé pour lui! Et je t'ai rencontré quand tu avais 4 ans!» »

Le vétéran acteur confirme. Lui, que ses parents ont mis à la porte à 14 ans. «Je plaisante, je suis parti au moment d'entrer au collège. Mais d'après moi, il ne faut pas brusquer les jeunes. On peut, en toute quiétude, commencer à leur faire sentir qu'ils devraient partir quand ils approchent... 43 ans», pouffe-t-il.

D'âge réel ou mental? Parce que si c'est le second qui prévaut, ils semblent peu nombreux, dans l'équipe à Step Brothers, à être capables de voler de leurs propres ailes!

Mary Steenburgen, par exemple, qui "«est couverte de tatouages et jure comme un charretier», révèle Will Ferrell (en l'absence, bien sûr, de la principale concernée), vous regarde avec sincérité (en l'absence, naturellement, du principal intéressé) pour vous dire combien ce dernier a changé entre le moment où elle a joué sa belle-mère (dans Elf, en 2003) et aujourd'hui, où elle interprète sa mère: «Il s'est mis à croire ce que la presse dit de lui, sa tête a enflé. On nous a bien avertis de ne pas le regarder dans les yeux.»

«Ce qui, heureusement, est facile. Parce qu'il est grand», termine Richard Jenkins. Will Ferrell mesurant 1 m 92, on soupire d'aise: enfin une vérité (même si elle relève de l'évidence)! On commençait à se dire que pour en avoir une, il faudrait attendre que les (parents) poules aient des dents!