Voir son fils de 14 ans grandir à l'ère de l'internet a fourni une motivation supplémentaire au réalisateur d'Adoration, le réputé cinéaste canadien Atom Egoyan.

En entrevue au Festival international du film de Toronto, où son drame est présenté, il a déclaré que cela l'avait amené à réfléchir à ce qu'il était lui-même, à cet âge. Il adorait inventer des histoires, a-t-il raconté, et s'il était cet enfant, aujourd'hui, il ne pourrait s'empêcher d'utiliser de l'internet, a-t-il dit.

Le film d'Egoyan met en vedette Devon Bostick dans le rôle de Simon, un adolescent torontois que sa professeure de français (Arsinée Khanjian) encourage à lire en classe un récit fictif traitant de terrorisme, dans lequel il s'attribue un rôle important.

L'histoire que Simon raconte à ses camarades est inspirée d'une véritable manchette, datant de 1986, portant sur un Jordanien qui avait placé une bombe dans la valise de sa petite amie irlandaise, enceinte, avant que celle-ci n'essaie de monter à bord d'un vol d'El Al. Dans Adoration, Simon prétend qu'il était cet enfant à naître.

«Quand cette histoire a été publiée (...) c'était la première fois que je réalisais qu'un terroriste pouvait faire à ce point abstraction d'un autre être humain, surtout d'une personne aimée qui porte son propre enfant», a déclaré le cinéaste, qui a notamment été mis en nomination aux Oscar pour De Beaux Lendemains.

Les étudiants qui écoutent le passé allégué de Simon, sans savoir qu'il n'est pas vrai, parlent de son récit à leurs parents: il ne faudra pas longtemps pour que toute la communauté soit en émoi.

Adoration a remporté le prix du jury oecuménique au Festival du film de Cannes, en mai.