Après avoir enregistré la plus faible audience télévisée de leur histoire l'année dernière, les Oscars sont condamnés à se réinventer et les organisateurs de la cérémonie de dimanche ont promis de faire preuve d'audace et d'innovation.

En 2008, les Oscars ont été les moins suivis par les téléspectateurs américains depuis que l'audience a commencé à être mesurée, en 1974: 32 millions de personnes ont regardé la 80e cérémonie, contre 41 millions l'année précédente.

Ce résultat a été attribué par la presse spécialisée à un format devenu dépassé.

«En fin de compte, les Oscars ne sont jamais que la lecture de listes relatives à des films considérés comme supérieurs par des gens du secteur du cinéma, avant l'énoncé du vainqueur. À bien des égards, les Oscars sont une grande soirée procédurale», observe le professeur d'audiovisuel Robert Thompson, de l'Université de Syracuse.

Le président de l'Académie des arts et des sciences du cinéma, Sid Ganis, a assuré que cette année, «le spectacle prendra des risques audacieux».

La vénérable organisation a confié à Bill Condon et Laurence Mark la production de ce spectacle. Condon est connu pour avoir mis en scène le flamboyant film musical Dreamgirls.

Mais M. Ganis a refusé de donner davantage de détails sur la cérémonie, afin de ménager le suspense d'ici au lever de rideau sur la scène du théâtre Kodak de Hollywood, dimanche à 17 h 30 locales.

Dans le même but et contrairement aux années précédentes, l'Académie n'a pas révélé le nom des stars qui viendront sur scène pour remettre leurs statuettes aux vainqueurs. Selon le New York Times, le monologue de présentation pourrait être abandonné et les épisodes «préparés» réduits au profit du direct.

Après avoir confié pendant des années le rôle de «Monsieur Loyal» à des acteurs comiques (Billy Crystal, Whoopi Goldberg, Jon Stewart, Ellen DeGeneres...) les organisateurs ont fait appel à l'acteur australien Hugh Jackman.

Le jeune quadragénaire, vu dernièrement dans Australia et la saga X-Men, n'est pas un novice des cérémonies de récompenses, puisqu'il a présenté les Tony Awards, les «Oscars du théâtre», entre 2003 et 2005.

«J'adore les Oscars mais il ne fait pas de doute qu'ils sont trop longs. Il n'y a pas à mon avis une personne au monde qui pense différemment», a affirmé Jackman dans un entretien début février à l'hebdomadaire Entertainment Weekly.

La cérémonie sera «considérablement plus courte» que les années précédentes, quand elle pouvait durer plus de trois heures, a promis l'acteur. Sans entrer dans les détails, il a révélé qu'«il y aura des numéros de chant et de danse».

Mais la stratégie du secret adoptée par les Oscars ne convainc pas tout le monde. «Ils parlent de surprises, mais le problème est qu'ils les cachent. Dans ce cas, pourquoi les gens allumeraient-ils leur télévision?» s'est interrogé le critique de cinéma Lew Harris.

Pour lui, le principal problème est que ces dernières années, les Oscars ont sélectionné des films qui n'avaient pas eu de succès au box-office, donc peu susceptibles d'intéresser les téléspectateurs.

De fait, le record d'audience des Oscars date de 1998 avec 55,25 millions de téléspectateurs. La cérémonie avait alors honoré Titanic, qui détient le record des recettes du box-office nord-américain: 600 millions de dollars.