Sans contredit la vedette du Festival des films du monde cette année avec deux films à l'affiche, Marie-Josée Croze est aujourd'hui de passage à Montréal afin d'accompagner la présentation, en compétition mondiale, de Liberté, le nouveau film du gitan Tony Gatlif.

Marie-Josée Croze est la tête d'affiche de deux films inscrits dans la programmation du Festival des films du monde. Le premier, Liberté, est sélectionné en compétition mondiale.

Dans ce nouveau film de Tony Gatlif (Latcho Drom, Gadjo Dilo), l'actrice québécoise incarne une institutrice qui, au cours de la Deuxième Guerre mondiale, participe activement à la résistance en protégeant des Tsiganes, persécutés par le régime. Le personnage, fictif, est fortement inspiré par une institutrice dont le parcours fut similaire.

«Je suis allée rencontrer cette femme qui vit en Champagne, a raconté hier Marie-Josée Croze au cours d'un entretien accordé à La Presse. Il est toujours fascinant de constater à quel point des gens ayant vécu des destins aussi exceptionnels - et souvent tragiques - font preuve d'un sang-froid incroyable. Mme Lundy était une institutrice par vocation. Toute sa vie était placée sous le signe de l'humanisme et de la dévotion. Cette vieille fille vivait même à l'étage supérieur de l'école où elle enseignait!»

Pour l'actrice, que nous verrons aussi bientôt dans le plus récent film de Zabou Breitman, Je l'aimais (sortie le 9 octobre), cette collaboration avec Tony Gatlif ressemble à la concrétisation d'un rêve.

«J'adore le cinéma de Tony en tant que spectatrice, a-t-elle dit. Tous les acteurs rêvent de travailler avec lui. Un tournage sous sa direction ne ressemble à aucun autre. J'ai vraiment hâte que les gens découvrent ce film. Personne ne l'a encore vu!»

Une histoire occultée

L'auteur cinéaste, de passage lui aussi au FFM, affirme de son côté avoir été guidé vers Liberté depuis le début de sa carrière. Son film découle en effet de l'envie de raconter l'histoire tragique d'un peuple aussi victime de génocide. Et dont l'absence est notoire dans les livres.

«Je ne pourrais pas dire s'il s'agit de mon film le plus important sur le plan cinématographique - ce n'est pas à moi de juger - mais d'un point de vue historique, sans aucun doute», a souligné Gatlif.

Ce dernier affirme en outre être ravi de présenter ce film en première mondiale à Montréal, dans le cadre d'un festival où l'accueil du public a toujours été chaleureux. Gadjo Dilo lui avait en outre valu un Grand Prix spécial des Amériques.

«Je ne dis pas cela par flatterie, mais il me semblait important que la première de Liberté ait lieu ici. Il s'agit d'un film plus fragile. Il aurait été plus difficile pour moi de le présenter en primeur dans un pays impliqué dans les événements que nous décrivons.»

Un personnage historique

Marie-Josée Croze accompagnera évidemment le cinéaste aujourd'hui lors de la présentation officielle. «Je suis très fière de ce film, a-t-elle dit. Il s'agit de la première fois où j'ai eu à camper un personnage à caractère historique qui existe aussi dans la vie. Se glisser dans la peau d'une héroïne anonyme ne s'apparente toutefois pas à la démarche que doit faire un acteur qui doit interpréter un personnage déjà très connu. Je tenais cependant à faire honneur aux vertus humanistes de cette femme au destin particulier.»

Marie-Josée Croze est par ailleurs aussi l'une des vedettes de Mères et filles, le plus récent film de Julie Lopes-Curval (Bord de mer). Dans ce film, présenté au FFM hors-concours, l'actrice incarne une autre femme du passé. Et campe une mère de famille qui, dans les années 50, quitte sans explication le domicile conjugal alors que les enfants sont encore jeunes.

«J'y interprète la mère de... Catherine Deneuve!» dit l'actrice en arborant un large sourire.

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Korkoro (Liberté) de Tony Gatlif. Aujourd'hui 9 h au Cinéma Impérial; 19 h au Théâtre Maisonneuve; demain 14 h au Cinéma Impérial. Conférence de presse (ouverte au public) aujourd'hui à 14 h à l'Agora du Complexe Desjardins.

Mères et filles de Julie Lopes-Curval: 31 août 19 h au Cinéma Impérial. 1er septembre 14 h 50 au Quartier latin.