La foi, l'espérance et maintenant la charité. Bernard Émond a présenté hier, à Toronto, le dernier volet de sa trilogie sur les valeurs théologales. Avec La donation, le cinéaste s'aventure encore une fois au coeur de la souffrance humaine pour mieux secouer l'indifférence ambiante.

Avec cette histoire d'une urgentologue montréalaise (excellente Élise Guilbault) venue prendre la relève d'un vieux médecin (Jacques Godin), à Normétal, en Abitibi, Émond propose une réflexion sur l'humain trop souvent impuissant devant le sort tragique de ses semblables.

Jeanne Dion sera confrontée dans ce pays du bout du monde à deux enfants orphelins de mère, à une adolescente enceinte qui ne veut pas garder l'enfant, à des gens âgés perdus dans leur solitude et leur maladie. Un compatissant boulanger (Éric Hoziel) l'accompagnera dans ce difficile voyage au bout d'elle-même.

Comme dans La neuvaine et Contre toute espérance, Émond propose un cinéma qui va à contre-courant de la frénésie contemporaine. Des plans fixes, peu de dialogues, des silences évocateurs pour mieux amener la réflexion. Une oeuvre au rythme lent, différent, mais ô combien utile pour mieux se comprendre. Et surtout, comprendre l'autre.

Le triangle amoureux d'Egoyan

Avec Chloe, Atom Egoyan propose sans doute son film le plus «grand public» depuis The Sweet Hereafter. Inspiré du film français Nathalie, le réalisateur propose un triangle amoureux singulier, articulé autour d'une gynécologue (Julianne Moore) qui, soupçonnant l'infidélité de son mari (Liam Neeson), fera appel aux services d'une jeune escorte (Amanda Seyfried) pour le séduire et ainsi confirmer ses doutes. Son idée prendra une tournure pour le moins inattendue...

Dans ce voyage au bout du désir et de la passion amoureuse, Egoyan démontre un talent certain pour installer l'ambiance. Une tension érotique traverse son récit, au fil de quelques scènes et dialogues pour le moins audacieux.

Julianne Moore et la jeune Amanda Seyfried (Mamma Mia!) forment un étonnant tandem pris dans un maelström sentimental qui réserve quelques surprises. Elles s'insèrent parfaitement dans la mise en scène parfaitement maîtrisée d'Egoyan. Du beau travail. 

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* * * La donation, de Bernard Émond. À l'affiche le 6 novembre
* * * 1/2 Chloe, d'Atom Egoyan. À l'affiche en décembre