Propulsé sous les feux de la rampe par le film aux huit Oscars Slumdog Millionaire, Azharuddin, 11 ans, raconte sa courte vie chamboulée dans un livre loin des paillettes, où le héros prend aussi les traits du bidonville qui l'a vu grandir, l'un des plus grands d'Asie.

Plus de six mois après l'emballement planétaire pour le film du réalisateur britannique Danny Boyle, «Slumboy» cherche à «apporter une dimension humaine à une histoire incroyable, sans faire un success story à l'américaine», résume Mouhssine Ennaimi, journaliste français basé à Bombay qui a rédigé le récit.

Le livre, raconté à la première personne, sort jeudi en France et pour l'occasion la jeune vedette fait le voyage à Paris avec sa mère.

Azharuddin Mohammed Ismail revient sur le casting qui a fait basculer son existence, lorsqu'il fut choisi pour le rôle du jeune Salim, frère aîné du personnage principal du film, alors qu'il espérait simplement apercevoir des stars de cinéma.

Mais son histoire, recueillie au fil de dizaines d'entretiens à Bombay et dans le village de la famille dans l'État du Maharashtra par le journaliste de RFI, est aussi celle de Dharavi, l'un des plus grands bidonvilles d'Asie où a été tourné le film, véritable ville au coeur de Bombay.

Plus de la moitié des 18 millions d'habitants de la mégapole logent dans des bidonvilles. Ils y vivent dans de minuscules maisons en briques, aux toits en bambou ou en tôle, sans eau courante, au milieu d'égouts et de décharges à ciel ouvert.

Alors que l'autre jeune vedette du film, Rubina Ali, 9 ans, a déjà raconté son conte de fée dans un livre intitulé Slumgirl Dreaming: My Journey to the Stars (Le rêve d'une fille des bidonvilles: mon voyage vers les étoiles), son pendant masculin décrit plutôt la vie quotidienne sous une tente trouée, la mousson qui ravage tout, le bruit, les odeurs, les moustiques...

«Ce n'est pas un livre misérabiliste. Les gens dans les bidonvilles, malgré les conditions de vie choquantes - les pires qu'on puisse connaître en Inde - ne vivent pas dans une victimisation permanente. C'est plutôt un livre optimiste!», affirme à l'AFP Mouhssine Ennaimi.

«En vivant dans un bidonville, on accumule une somme de connaissances étonnante», juge-t-il.

À la sortie du film, qui narre l'histoire d'un jeune orphelin ayant grandi dans un bidonville de Bombay et qui gagne à l'émission Who Whants to Be a Millionaire?, certains critiques ont fustigé en Inde une vision stéréotypée des Occidentaux sur le pays.

Selon le journaliste, qui a «recoupé les sources» avec la production du film et les habitants du bidonville sur les histoires racontées par l'enfant, «Slumboy» ne veut pas idéaliser celui qui aurait pu devenir ouvrier journalier, comme son père vendeur de cartons, ou ramasseur de détritus.

«J'ai juste voulu montrer dans quel état d'esprit on est quand on vit dans un bidonville», explique-t-il.

«C'est vraiment extraordinaire que quelqu'un sans réseaux, provenant de la couche la plus pauvre en Inde, arrive à jouer dans un film récompensé par huit Oscars. Il ne doit pas tomber aux oubliettes. Il faut que cette opportunité lui serve», juge Mouhssine Ennaimi.

Le réalisateur britannique Danny Boyle avait versé de l'argent à une fondation pour assurer l'éducation et le logement de Rubina Ali et du petit Azharuddin. Depuis juillet, il vit avec sa famille dans un 23 m2 dans le centre de Bombay.