Palme d'or au dernier Festival de Cannes, finaliste aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère, Le ruban blanc est un film sombre, tourné en noir et blanc, qui peut expliquer à travers une histoire simple les origines du nazisme, ou comment une société trop inégalitaire et autoritaire peut devenir monstrueuse.

Michael Haneke invite aussi le spectateur à une réflexion plus large sur l'éducation et les comportements humains.

Nous sommes à la veille de la Première Guerre mondiale, dans un village de l'Allemagne du Nord protestante. Le baron (Ulrich Tukur) règne sur une petite communauté régie par des règles très strictes. Le pasteur (Burghart Klaussner), qui a de nombreux enfants, en est une des personnalités, tout comme le médecin (Rainer Bock), hospitalisé à la suite d'un accident de cheval. Un piège lui a apparemment été tendu.

D'autres incidents se produisent et prennent peu à peu l'aspect d'un rituel punitif. Une ou plusieurs personnes semblent vouloir se venger, peut-être d'humiliations, ou peut-être pour une toute autre raison...

Réalisateur de Funny Games, La pianiste et Caché, Michael Haneke se plaît dans son dernier film à entraîner le spectateur dans une intrigue dont il ne livrera pas toutes les réponses. Il suggère, mais laisse à chacun sa libre interprétation des événements. Il donne des pistes, et révèle les mécanismes d'une société qui récolte ce qu'elle a semé.

Le cinéaste autrichien montre comment une éducation extrêmement autoritaire peut avoir des effets dévastateurs sur des enfants qui, un jour, sont susceptibles de devenir des bourreaux. Il montre aussi la cruauté et la perversion de certains notables qui exercent leur emprise sur d'autres membres de leur communauté. Il laisse entendre que le fascisme pouvait naître d'une société aussi répressive.

Michael Haneke a procédé à un vaste casting, notamment pour choisir les enfants (7000 auditionnés pendant six mois) qui ont un rôle essentiel dans le film. Ils sont entourés par des acteurs qui jouent avec beaucoup de finesse, capables pour certains de passer presque instantanément de la gentillesse à la cruauté.

Le ruban blanc, qui dure 2 h 25, est parfois un peu long, très noir, quelquefois à la limite du fantastique, même s'il n'y a pas d'effets spéciaux. Le scénario, écrit par Michael Haneke, est très bien construit et les dialogues sonnent justes. Les décors et les costumes (en plus du choix de tourner en noir et blanc) nous replongent avec efficacité au début du siècle dernier. Certaines scènes font penser à des tableaux de maîtres, éclairés par une lumière superbe. Haneke ne fait pas du divertissement, mais il offre du cinéma brillant et très original.

Le ruban blanc prendra l'affiche en salles ce vendredi.