Plus qu'une mode, la 3D? Une révolution, plutôt? C'est ce que croit le producteur André Rouleau. Après avoir tourné le premier thriller en 3D fait au Québec, il espère faire un deuxième film en 3D avec Érik Canuel, Quebrada, a-t-on appris la semaine dernière.

La 3D? «Ça devient la norme», constate Érik Canuel. Non seulement le réalisateur de Bon Cop, Bad Cop veut adapter Shadowland de Peter Straub en stéréoscopie, mais il pourrait aussi réaliser Quebrada, l'adaptation au grand écran de la bande dessinée de Matteo Casali que produira Caramel Films.

«On a effectivement ce projet dans l'air, mais il faut que je rencontre le producteur et que l'on parle du scénario», dit Érik Canuel. Le réalisateur souhaite s'asseoir avec André Rouleau pour discuter d'un projet qui, s'il a de bonnes chances de se concrétiser, ne sera pas tourné avant un an.

Le film, qu'André Rouleau définit comme «un projet commercial qui vise le grand public», a déjà eu l'appui de la SODEC pour sa création. André Rouleau espère réunir un budget de 15 à 20 millions grâce à des coproductions. «L'idée, c'est de faire un film de ce niveau au Québec, mais pour lequel les Américains dépenseraient 100 millions», dit-il.

Pour André Rouleau, la 3D n'est pas qu'un coup de tête de l'industrie du cinéma. Après de vaines tentatives pour séduire les masses dans les années 50 et 80, il semble bien que l'année 2009 et le couronnement d'Avatar annoncent le début d'une nouvelle ère, croit le producteur.

«J'ai la conviction que la majorité des films seront en 3D», estime André Rouleau. Le producteur vient d'entamer la postproduction, chez Vision globale, de ce qu'il présente comme le premier long métrage québécois entièrement tourné en 3D, Hidden.

Réalisé par l'Italien Andrea Marotti, Hidden est une coproduction d'André Rouleau et du Torontois Don Carmody ainsi que de la maison italienne Redark. Fait à noter, Hidden a été tourné en anglais avec des fonds privés et un budget de 7 millions.

Le public est prêt

Le producteur, qui a reçu La Presse la semaine dernière dans les studios de Vision globale pour lui montrer les premières images du film, estime qu'un tournage en 3D requiert un véritable savoir-faire. Sur le plateau, nombreuses sont les différences entre la 3D et la 2D.

«L'éclairage est plus long à concevoir, la caméra est plus lourde et on peut moins faire des mouvements rapides. Les scènes d'action sont plus difficiles à tourner. Il a fallu trouver de nouvelles façons de faire des plans», énumère-t-il.

Pourquoi s'être engouffré dans la brèche de la 3D? André Rouleau explique que le public québécois est prêt à voir des films en 3D. Autre élément qui a séduit le producteur: les recettes des films en 3D, supérieures à celles des versions 2D. Enfin, l'expertise de son équipe québécoise (Benoît Hamel, son premier assistant, et Benoît Beaulieu, directeur photo).

Le film, dont une version définitive doit être prête en septembre, pourrait sortir au début de l'année 2011.

Il sera distribué par Alliance au Canada et par Remstar au Québec. Un vendeur international (Séville/E1) représentera le film sur le marché au prochain Festival de Cannes.

Depuis la création de Caramel Films, après que Remstar eut délaissé la production de films, André Rouleau n'a pas chômé: il a produit Les doigts croches de Ken Scott et Funkytown de Daniel Roby. Dans les derniers mois, Dominic James a tourné Die et Angle mort pour Caramel Films.

Enfin, la boîte de production a dans ses cartons plusieurs projets, dont Pierre qui roule avec la réalisatrice Ghyslaine Côté et Starbuck, prochain film de Ken Scott coécrit avec Martin Petit.